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A Caen, l’<i>Hôpital des Nounours</i> accueille les enfants pour soigner… leurs <i>doudous</i> - Doolittle
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A Caen, l’Hôpital des Nounours accueille les enfants pour soigner… leurs doudous

En ce début d’année, les étudiants en médecine de l’Université de Caen assurent le bon déroulement de l’évènement « L’Hôpital des Nounours » qui consiste à proposer aux enfants des ateliers pour opérer… des doudous ! Etudiante en 3e année et en charge de la communication pour l’association qui pilote le projet, la « nounoursologue » Sarah Jenny nous en dit un peu plus sur ce rendez-vous annuel qui se tient la semaine prochaine.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ?

Le projet a commencé en 2004. L’année prochaine, cela fera donc 20 ans que l’Hôpital des Nounours existe. C’est un projet national qui a été repris d’un concept venant des pays européens et qui a été adapté en France par l’ANEMF (Association Nationale des Etudiants en Médecine de France). Il existe également dans d’autres régions et d’autres villes. La seule différence, c’est que chaque ville adapte le projet de la façon dont elle le souhaite, comme par exemple la façon dont elle met les locaux en place, ou encore qui elle invite. Initialement, j’ai entendu parler de l’association grâce à l’ANEMF et ils nous ont proposé de réaliser ce projet, ça nous a beaucoup tenté donc on l’a fait avec eux ! 

A quoi sensibilisez-vous les enfants ? 

On veut surtout les sensibiliser à la santé, leur montrer à quel point ça peut être important, la compréhension de ce qu’est le médecin, ce qu’est son rôle, pourquoi est-ce qu’on ne devrait pas avoir peur de lui, pourquoi on ne devrait pas craindre d’aller chez le dentiste. On souhaite les aider à avoir une meilleure appréhension et compréhension de ce qu’est l’hôpital, voir que la santé est importante, tout comme l’hygiène et la nutrition, les dents etc. Autant d’objectifs expliqués de façon ludique. 

Qui sont les enfants qui y participent ?

Les enfants de moyenne section jusqu’au CP peuvent y participer. Cet âge-là est défini parce que généralement c’est à 7 ans qu’on prend conscience des choses comme la peur de la mort… On est plus apte à les comprendre, même si ce n’est pas encore tout à fait clair dans leur tête. On trouvait que c’était le bon moment pour les aider à mieux appréhender le milieu médical. Concernant l’inscription, nous avons six écoles participantes qui se situent autour de Caen et nous avions quelques places libres, mais en nombre limitées ouvertes à tous. Cette année, en quelques heures, tout était complet.

Concrètement à quoi ressemblent les ateliers ? 

Les enfants ont un vrai parcours de soin à réaliser. Il y a une première étape qui est réalisée au préalable dans les écoles, c’est-à-dire que nous y allons une semaine avant l’événement, on leur demande de dessiner leurs doudous et de nous dire où est-ce qu’ils ont mal. Une fois qu’arrive l’événement, ils viennent avec leur dessin, leur doudou et ils vont être pris en charge par un nounoursologue (un étudiant en médecine) qui va leur distribuer une petite mallette de docteur ainsi que le carnet de santé du doudou. Ils vont ensuite passer sur les différents stands dans le but de remplir son carnet de santé. En premier, le dentiste pour les dents. Ensuite, si le doudou à la jambe cassée, on va aller au stand de la chirurgienne pour lui plâtrer la jambe. S’il a mal  à la tête, on va lui donner un médicament au stand Pharmacie. Le but est de parcourir la dizaine de stands mis en place.

Quels soucis de santé les enfants donnent à leur doudou en général ? 

Ils peuvent bien évidemment avoir une ribambelle de soucis. Pour la petite anecdote, j’avais rencontré une petite fille qui n’arrêtait pas de trouver des problèmes à son doudou car elle savait que derrière des soins allaient être faits. Elle a tellement apprécié les personnes qui étaient présentes, qu’on s’occupe de son doudou et d’elle par la même occasion qu’elle inventait des problèmes au fur et à mesure. Par exemple, on lui réparait la jambe et une fois que c’était fait, elle disait “oh ! regarde, il s’est fait mal à l’œil”. En fait, elle ne voulait pas partir tellement elle adorait.

On a parlé des médecins en herbe dans vos ateliers, mais quel est le profil des patients ? Beaucoup d’Ours ? de Pat Patrouille ? De mouton tout plat ? D’éléphants rouge de 14 centimètres ?

Nous avons pas mal d’Ours, ou encore des animaux non identifiés pour lesquels on ne sait plus exactement leur formes originales… On ne peut pas forcément leur donner de noms, mais bon c’est un doudou quoi ! 

A Caen, l’<i>Hôpital des Nounours</i> accueille les enfants pour soigner… leurs <i>doudous</i> - Doolittle

Est-ce que vous avez déjà rencontré des problèmes financiers ou logistiques dans l’organisation de l’Hôpital des Nounours ? 

La première année, on voulait faire un stand de radiologie mais malheureusement les étudiants de cette spécialité ne pouvaient pas être présents. Il a donc fallu qu’on arrange une sorte de radio et qu’on la personnalise en quelque chose d’assez enfantin. C’était assez compliqué, il a fallu faire un cou de girafe sur la radio… Après on a aussi rencontré des problèmes financiers, ce n’est pas évident de trouver des fonds pour financer les stands et les cadeaux faits aux enfants. On leur offre cette fameuse petite mallette de docteur quand ils arrivent. Cette année, on est soutenus par l’université de Caen et le CROUS, ce qui nous aide vraiment. Plus l’événement prend de l’ampleur, mieux nous serons sponsorisés. Cette année, nos participations ont explosé, ça va bien marcher !

Que contient la mallette de docteur que vous offrez aux enfants ?

Ils ont des petits stickers pour garder un souvenir, un petit stéthoscope en plastique, un petit marteau, des petits objets que le médecin peut utiliser, sur place ils peuvent aussi se prendre en photo avec leurs parents et leur doudou pour garder un souvenir de cet événement.

Est-ce qu’il y a aussi un moment où les enfants passent à la pratique ? 

Oui tout à fait, cela fait aussi partie de la prévention. Par exemple pour le soin des dents, les enfants les brossent sur une prothèse dentaire ce qui nous permet d’évaluer s’ils savent le faire correctement ou non. Après, il y a un stand de nutrition où ils vont jouer avec les aliments et essayer de dire lesquels sont les plus gras, lesquels sont moins bons pour la santé. Il y a aussi des étudiants en kinésithérapie qui organisent un parcours de motricité qui permet à l’enfant de s’éveiller sur tous les plans, de ne pas être juste observateur mais aussi actifs. 

Quels sont les retours que vous avez de la part des parents ou des professeurs des écoles ?

Nous nous sommes rendus compte que cela permettait vraiment d’aider les parents à aller chez le médecin ou chez le dentiste. Après une expérience à l’Hôpital des Nounours, les enfants appréhendent beaucoup moins le domaine hospitalier.  On leur donne aussi quelques clefs sur la nutrition et le brossage de dents car ça peut être difficile à la maison, ces gestes vus avec nous seront retenus par l’enfant. 

L’un de vos objectifs est aussi de désacraliser l’univers de l’hôpital qui peut paraître impressionnant pour les enfants, pourquoi ? 

Oui tout à fait, car les enfants ont parfois du mal à comprendre les maladies. Personnellement, pour avoir eu à mes 8 ans une maman atteinte du cancer, je ne comprenais pas ce qu’il se passait et je ne comprenais pas la maladie. Peut-être que si j’avais eu cet atelier, je l’aurais mieux appréhendée. Ça m’a motivée pour faire ce que je fais aujourd’hui, même si ça m’a pris du temps car au début c’était plus un traumatisme. 

Enfin, qu’est-ce que cela vous apporte à vous, étudiants ? 

Personnellement l’année dernière, avant d’y participer, j’étais stressée car j’avais peur de ne pas être à l’aise avec l’enfant. La présence des parents à coté ajoute une petite pression ! Mais au final, une fois qu’on se lance, le tabou se défait petit à petit. On apprend à trouver les mots simples afin de leur expliquer de quoi on parle, de quelle maladie et comment on la guérit. On rassure aussi les enfants, donc on fait appel à des notions d’empathie, d’adaptation et ça c’est très important. On prend soin des doudous, mais aussi des enfants par la même occasion. C’est une belle leçon, pour nous étudiants.

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Par Maria-Louisa Le Clec'h