Les lunettes, racontées aux enfants

Peu de gens le savent mais Benjamin Franklin – oui, oui, le père fondateur de l’Amérique – en 1784, a inventé les doubles foyers. Encore moins de gens le savent : le mot “lunettes” vient de “lunecte” qui signifie “petite lune”, alors qu’en allemand “Brillen” vient de “Beryll”, qui n’est autre qu’une pierre translucide utilisée à l’origine fabriquer les verres. Des informations comme celles-ci, il y en a une pléthore. Suffisamment pour en faire un livre ? C’est ce qu’a pensé l’autrice Caroline Stevan qui, en octobre 2023, a publié un livre joliment illustré par François Vigneault, afin de célébrer les lunettes – considérées comme l’une des plus belles inventions de l’humanité – mais aussi, et surtout, pour convaincre les enfants de leur préciosité. Car il faut le reconnaître : il y a de ça vingt ans, l’appareil était vu comme totalement ringard. Ceux nés au siècle dernier se souviendront très certainement de surnoms peu flatteurs comme “crapaud à lunettes”, “Schtroumpf à lunettes”, “binoclard”… À l’école, les lunettes ne soulignaient qu’une chose : l’appartenance au monde des intellos, des “pas-cool”, voire des infirmes.

D’ici 2050, 4,8 milliards de personnes dans le monde seraient myopes

L’autrice – également journaliste à la RTS – en sait quelque chose : astigmate et hypermétrope depuis l’enfance, elle se souvient de récrés passées dans les préaux, à coup de “serpent à lunettes”. D’où l’envie de ce livre ? “Ma fille Salomé a eu ses premières lunettes autour de 1 an, confie-t-elle au média 24 heures. J’ai toujours été touchée par les tout-petits et les toutes-petites à lunettes. J’avais envie de valoriser un peu cet objet incroyable, qui aide des milliards de gens au quotidien, à lire, à travailler, à jouer, à observer… Porter des lunettes, c’est tout sauf une tare.” Aujourd’hui, les montures des enfants sont colorées, variées, parfois même design… Au point qu’en porter devient “stylé”. Encore une fois, Caroline Stevan le confirme : “Vers 10 ans, ma fille aînée avait fait croire à l’ophtalmo que sa vue baissait. Elle nous a avoué par la suite qu’elle voyait en fait très bien ; elle voulait juste des lunettes, comme sa petite sœur. Elle trouvait ça « trop stylé », pour la citer.” Un changement d’avis qui tombe à pic, car d’ici 2050, 4,8 milliards de personnes dans le monde seraient myopes en raison du temps passé devant les écrans.

• Mes lunettes super chouettes de Caroline Stevan, Éd. Helvetiq, 19,90 euros, dès 6 ans.