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J’ai <i>testé</i> le coaching <i>parental</i> - Doolittle
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J’ai testé le coaching parental

De plus en plus de parents épuisés succombent au nouveau business du coaching en parentalité. Certains y trouvent une aide précieuse, d’autres regrettent d’être tombés dans un attrape-bobo. J’ai voulu me faire mon propre avis sur ces « experts » en relations parents-enfants auto-proclamés.

Depuis quelques années, leurs cartes de visite fleurissent sur les comptoirs des boutiques de jouets et apparaissent insidieusement dans des salles d’attente de pédiatres. Les « coachs en parentalité » sont de plus en plus nombreux (enfin, nombreuses, car il s’agit essentiellement de femmes), en ville et sur la toile. Si je suis sceptique quant au concept, il faut avouer que les promesses sont alléchantes : éduquer ses enfants sans élever la voix, savourer des nuits de sommeil complètes, traverser le « terrible two » dans la bonne humeur et j’en passe. Alors, pourquoi ne pas tenter l’expérience ?

J’ai <i>testé</i> le coaching <i>parental</i> - Doolittle

Du vent, des barbes à papa et des nuits calmes

Je commence par tâter le terrain auprès de parents qui ont déjà eu recours à ces mystérieux ou mystérieuses coachs. Medhi et Constance se sont tournés vers l’une d’entre elles quand la phase d’opposition de Côme, leur petit dernier, s’éternisait. « C’était nul ! La fille brassait du vent. On a eu un fou-rire quand elle nous a expliqué que partager une barde à papa nous permettrait de nous reconnecter à notre enfant », raconte le couple. Au contraire, Candice a eu une bonne expérience avec la « sleep trainer » qui l’a accompagnée lorsque sa fille Alice n’avait que quelques mois. « Elle s’endormait sur mon sein, je la recouchais dans son lit et elle se réveillait paniquée 5 ou 6 fois par nuit parce qu’elle ne savait plus où elle était, se souvient-elle. Grâce à la coach, ma fille a appris à s’endormir seule dans son lit et à se rendormir seule en pleine nuit. » J’interroge aussi une poignée de professionnels de santé. Le terme « charlatanisme » revient souvent, faut bien le dire. Pour certains, c’est une usine à tartes à la crème furieusement dans l’air du temps, pour d’autres, c’est carrément une machine à plumer les pigeons. Mais si le phénomène a pris autant d’ampleur, c’est bien que certains y trouvent leur compte. Allons voir ça de plus près.

75 euros la séance

Bien décidée à me forger ma propre opinion, je prends des pistes à droite, à gauche. J’élimine d’office l’option « stage collectif » : l’idée de passer plusieurs après-midis, assise sur un pouf à faire tourner un bâton de parole, me crispe. Je tente la consultation en « cabinet » et décroche mon téléphone pour prendre rendez-vous. Au bout du fil, la coach m’explique d’emblée d’une voix mielleuse qu’en une dizaine de séances (à 75 euros, tout de même !), nous aurons retrouvé une vie de famille harmonieuse. Ah bon ? Mais enfin, nous avons DÉJÀ une vie de famille harmonieuse (et nous n’avons rien déboursé pour ça) ! Sentant que ça ne va pas matcher entre nous, je pars à la recherche de tips en me plongeant dans les vidéos publiées en ligne par des coachs en parentalité. J’arriverai peut-être à gratter quelques heures de sommeil et à limiter la fréquence des colères de mon plus petit. Qui sait ? Je clique sur le site d’une coach qui se présente comme enseignante en collège et en lycée depuis 20 ans. Dès la première séquence vidéo, elle donne l’exemple d’un parent qui était convaincu que sa fille n’avait aucune qualité – ambiance ! – et à qui elle avait fait prendre conscience que la petite en avait au moins une puisqu’elle était douée pour la manucure. Gloups ! A priori, ça ne va pas le faire non plus. Next !

Des sciences du bonheur, vraiment ?

Je scroll et tombe sur une coach éducatrice de jeunes enfants et éducatrice Montessori ayant travaillé en crèche pendant 18 ans, notamment comme directrice. Sacré C.V. ! Dans ses vidéos elle donne quelques recommandations pertinentes (notamment sur le télétravail avec les enfants) mais enfonce aussi pas mal de portes ouvertes : oui, lorsqu’un enfant tape ou mord, il faut lui signifier que c’est interdit ; mais comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?! Je lâche l’affaire après une séquence dans laquelle elle invite les parents à intégrer une prière ou une phrase magique dans le rituel du coucher. La suivante prétend être « coach parentale », « consultante en éducation » et comédienne. Rien que ça ! Celle d’après vante des compétences encore plus floues : « coach parental certifiée, formée en psychologie positive et aux sciences du bonheur. » Ça va trop loin, je jette l’éponge ! Cette virée dans le rabbit hole de la galaxie du consulting pour parents en détresse ne m’a pas convaincue. Le gloubi-boulga à base d’« éducation bienveillante », de « parentalité positive » et de pseudo-neurosciences m’a donné mal au crâne. À la maison, nous allons nous en tenir aux conseils des médecins, aux recommandations des professionnels qui s’occupent de notre progéniture avec brio depuis des années et aux bons plans que nous filent la famille et les potes. Et tant pis si on dit des gros mots et que nos enfants mangent parfois avec les doigts !

Par Hélène Brunet-Rivaillon