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<i>« </i>Être représentées dans <i>Peppa Pig</i> est une victoire pour toutes les <i>familles »</i> - Doolittle
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« Être représentées dans Peppa Pig est une victoire pour toutes les familles »

Dans un épisode diffusé le 13 septembre au Royaume-Uni sur Channel 5, le célèbre dessin animé britannique Peppa Pig met en scène Penny Polar Bear, un personnage qui a deux mamans. Pour Nicolas Faget, porte-parole de l’Association des parents et futurs parents Gays et lesbiens, cette initiative est à marquer d’une pierre blanche.

En 2019, une pétition en ligne avait réclamé l’inclusion de personnages LGBTQ+ dans la série Peppa Pig. Elle avait récolté 25 000 signatures. C’est désormais le cas, avec un couple lesbien. Voyez-vous cela comme une grande victoire ?

Toute représentation de famille homoparentale dans les médias, quelle que soit l’émission, fait avancer les mentalités. Le fait de connaître une famille homoparentale fait disparaître les problèmes d’homophobie très rapidement. À la base, Peppa Pig est une série à clichés avec des représentations très genrées, qui pouvait montrer et dire aux enfants “c’est ça la norme, tu dois t’y conformer”. Être représenté dans un dessin animé aussi célèbre que Peppa Pig, très regardé en France et dans le monde, c’est une victoire pour nous et pour toutes les familles qui sont hors du schéma classique. Pour les enfants, c’est aussi une grande avancée, car ils pourront voir cette famille homoparentale évoluer, comme dans la réalité.

Si cette décision est saluée par le plus grand nombre, certaines personnes jugent encore cela inadapté pour le jeune public. La Manif pour Tous parle même d’une “propagande” qui commence dès le plus jeune âge.

La Manif pour Tous a l’habitude de faire un discours de propagande haineux et homophobe sur le lobby LGBT. Ils ont le droit de réagir et de s’exprimer, mais l’histoire ne va pas dans leur sens. La diversité des familles est une réalité, il est donc logique qu’elle se retrouve dans les dessins animés. Les enfants qui regardent Peppa Pig voient aussi des parents LGBT, des familles recomposées, monoparentales, hétéroparentales, dans leurs écoles. Il n’y a rien de choquant à montrer ce qu’il se passe aujourd’hui dans la vraie vie. Peppa Pig va montrer à la majorité des enfants une réalité qu’ils connaissent. Aujourd’hui, les dessins animés sont hétéronormés, mais la vie réelle ne l’est pas.

Capture d'écran issue de l'épisode

Capture d'écran issue de l'épisode "Familles" de la 7e saison du dessin animé Peppa Pig, diffusé sur Channel 5

À terme, qu’est-ce que ça peut changer de confronter les enfants, dès leur plus jeune âge, à des couples homosexuels ?

Si vous ne montrez pas la diversité des familles existantes aux enfants, vous leur construisez une norme. Cette norme-là va créer du rejet, de l’homophobie. C’est dès leur plus jeune âge qu’il faut les y confronter, pour qu’ils intègrent ces différences. Quand on arrive un peu plus tard, au collège ou au lycée, on voit des enfants qui n’ont jamais connu cette diversité-là, qui ont été très “normés, conformés”, et c’est là que commence le rejet. Alors, oui, y être confronté tôt peut changer pas mal de choses au niveau de la santé des LGBT. S’ils se sentent plus représentés et donc moins rejetés, ça peut faire baisser les taux de dépression et de suicide chez les nouvelles générations. Derrière, ça peut faire chuter les discriminations, les rejets, les violences, les maltraitances…

Pensez-vous que cette représentation avance sur un bon rythme ?

Evidemment, pour nous, non, pas assez. Dans les films et les séries, ça a avancé beaucoup plus vite qu’ailleurs. Les dessins animés étaient un peu le dernier bastion intouchable où la représentation ne pouvait être que très discrète voire dissimulée. Ce qu’a fait Peppa Pig, c’est une première dans le sens où on n’avait jamais eu de représentation aussi forte dans un dessin animé si populaire. Cet événement est à marquer d’une pierre blanche. La prochaine étape, c’est d’avoir des personnage clés issus d’une famille homoparentale. Aujourd’hui, on est cantonné aux seconds rôles dans les films et séries. On se doit d’arriver au premier plan.

L’adoption pour les couples homosexuels est-elle toujours un parcours du combattant en France ?

Légalement, l’adoption est autorisée depuis 2013. Tous les mois, on voit des couples LGBT qui arrivent à adopter, et ce dans la majorité des départements. Certains ont encore des blocages, car ils ne veulent pas donner d’enfants à des couples gays pour des raisons homophobes. On se bat pour que, sur tout le territoire, tout le monde soit traité à égalité et qu’il n’y ait plus de discrimination.

Peut-on dire qu’on est sur la bonne voie ?

La majorité des familles est acceptée, elle est banalisée, ça c’est indiscutable. Ça va dans le bon sens. On a encore des parents qui nous remontent des problèmes administratifs liés à leur situation, des remarques de professionnels, qui bloquent parfois des dossiers par homophobie… Mais aujourd’hui, c’est au compte-goutte, ça reste assez marginal. Avant, c’était généralisé. Tous les établissements d’éducation et de santé étaient hétéronormés à 100 %. Aujourd’hui, la représentation se banalise et les situations sont connues, on a beaucoup moins de barrières pour les actes administratifs ou de la vie quotidienne. Mais le chemin vers l’égalité des droits entre les familles est encore long.

Par Tom Bertin