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<i>« Miraculous est une histoire avec des règles très précises »</i> - Doolittle
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« Miraculous est une histoire avec des règles très précises »

C’est l’évènement télévisuel de cette fin d’année : la série animée « Miraculous : les aventures de Ladybug et Chat Noir » dévoile sa cinquième saison sur TF1/TFOU depuis la fin du mois dernier. Et comme l’occasion s’est présentée de croiser Thomas Astruc, le créateur du phénomène, on lui a posé trois questions sur le procédé de fabrication.

Qu’est-ce que tu attends de cette cinquième saison de Miraculous ?

On boucle l’arc commencée lors de la première saison. C’est l’équivalent de l’acte final d’une scène de théâtre, en quelque sorte, pas de la série hein ! On a réussi à faire une série qui monte progressivement depuis le début. Là, les gens vont devenir dingues avec des épisodes qui sont tous hallucinants. On a enregistré des bonus making of où on devait poser des commentaires sur ces épisodes qu’on a écrits il y a bien deux ans, pour dire comme c’est très loin derrière nous, mais en les redécouvrant, on s’est « putain, on a fait ça, mais on est fous en fait ! ».

Il y a toute une équipe derrière chaque épisode, chaque saison, de Miraculous

On a un fonctionnement très particulier qu’on ne trouve pas d’ordinaire en animation. Souvent, les scénaristes sont chacun chez eux, ils écrivent leur histoire et le directeur d’écriture récupère les textes puis sert de lien avec les chaines de télé qui valident les textes. Nous, on a des ateliers d’écriture. C’est Sébastien Thibaudeau qui a mis ça en place après la première saison parce qu’il s’était rendu compte que notre façon de faire jusque-là ne donnait pas de très bons résultats et qu’elle occasionnait beaucoup de retouches sur les textes. On voulait aussi uniformiser chaque épisode parce qu’en fonction des scénaristes, les personnages se mettent par exemple à parler différemment, donc il faut retoucher etc. Miraculous est une histoire de super héros avec des règles très précises. Si tu ne connais pas bien le livre de règles, tu fais vite n’importe quoi et les gens sont un peu perdus. Par exemple, chacun s’arrangeait un peu avec le fonctionnement des super pouvoirs et ça nécessitait pas mal de corrections. À partir de la saison 2, Sébastien a décidé de changer de méthode. Donc déjà, vu que j’étais le créateur et celui qui avait écrit le livre de règles, il m’a demandé de venir participer à l’écriture alors que je ne faisais que de la réalisation. Et on travaille comme si c’était un jeu de rôles. Il voulait qu’on assume qu’on était une série d’auteurs, qu’on travaille en équipe réduite pour ne pas avoir de déperdition d’informations, qu’il n’y ait pas d’incohérence et que le ton reste toujours le même. Aux USA, chaque scénariste a un peu sa spécialité, ils prennent chacun un aspect de l’histoire, par exemple la baston, les dialogues, et ils s’arrangent. Nous, on fait tout à cinq : Frédéric Lenoir, Mélanie Duval, Matthieu Choquet, Sébastien et moi. On fait une partie de jeu de rôles pendant plusieurs jours où on joue tous les rôles pour voir si tout colle. 

<i>« Miraculous est une histoire avec des règles très précises »</i> - Doolittle

Et toi, tu as quel rôle au milieu de cette équipe ? 

On fait un petit tout en fait même si chacun a sa spécialité. Sébastien, son truc c’est vraiment la structuration des histoires et la mécanique narrative. Moi, fatalement, c’est plus le world building. Fred, c’est les éclairs de génie alors que Mélanie est vachement sur l’émotion et l’humour. On apporte chacun notre touche. On écrit vraiment à plusieurs mains en même temps sur le même texte. On n’avance pas tant qu’on ne s’est pas tous convaincus. Quand ça sort, c’est vraiment notre bébé à tous. C’est une oeuvre collégiale qui n’a pas d’équivalent. Je ne sais pas si c’est reproductible ailleurs… Là, d’ailleurs, on doit faire rentrer de nouveaux scénaristes pour la suite parce qu’on a beaucoup de choses à écrire mais c’est difficile à trouver parce qu’il faut qu’ils soient familiers avec tout ce qui est sorti et qu’ils aient une personnalité qui colle avec notre façon collégiale de travailler. Ce n’est pas évident à trouver. Sans le savoir, on a reproduit ce que disait l’écrivain Isaac Asimov : quand il faisait une session de travail, il avait théorisé le nombre de personnes, les archétypes de rôles pour que les idées fusent et que les prises de paroles soient optimales et naturelles. C’est une alchimie de personnes qui est un peu… miraculeuse !

Par Par Pierre Maturana