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C’est quoi la tendance des parents <i>“ghettossori”</i> ? - Doolittle
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C’est quoi la tendance des parents “ghettossori” ?

Cette nouvelle tendance d’éducation parentale qui inonde les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines, cause une certaine inquiétude chez les spécialistes de l’enfance. À raison ?

Contraction de “ghetto” et de la méthode éducative “Montessori”, ce terme a émergé en décembre 2024 sur les comptes TikTok de mères de famile, souhaitant parodier l’éducation positive. Dans ces vidéos partagées des milliers de fois, vous y verrez des mamans céder une pizza à leurs enfants “par flemme”, chanter “Bande organisée” en guise de comptine, ou expliquer que “bien évidemment quand ma fille commence à pleurer et que je la regarde, elle essuie vite ses larmes”. Cette dernière punchline sort de la bouche de Jessica French Riviera, elle-même à l’origine de cet énième néologisme et hashtag. Son objectif ? Déculpabiliser les parents et “leur montrer qu’on pouvait s’énerver, qu’on pouvait échouer, mais qu’on faisait du mieux qu’on pouvait”. “On a remarqué que si l’enfant évolue dans un environnement un petit peu ghetto, il sera plus enclin à se débrouiller seul et faire face à la vraie vie”, résume celle qui compte 180 000 abonnés et qui se passionne pour le rappeur Lacrim. 

Derrière cette tendance du “ghettossori”, se niche la volonté de rompre avec le mythe du parent “parfait”. Autrement dit : parent patient, zen, organisé, paré à n’importe quelle éventualité, à l’écoute des émotions de son enfant. Désormais, les principes de l’éducation Montessori – pensés par Maria Montessori au début du XXe siècle – sont associés (à tort) à une forme de laxisme parental, permettant aux enfants d’agir comme bon leur semble et sans cadre. De l’autre côté du mur, certains considèrent (à raison) que le hashtag #ghettossori ne fait que banaliser les violences faites aux enfants, préférant défendre une éducation “traditionnelle” au lieu de remettre en question des pratiques patriarcales. À l’instar du créateur de contenu Samuel Clot qui, sur Instagram, dénonce cette nouvelle trend en reprenant la fameuse formule du camp adverse : “Je suis un parent ghettossori, bien évidemment qu’en perpétuant un schéma violent dominant-dominé avec mon enfant, je l’empêche de développer des liens sociaux, personnels et professionnels sains et j’augmente ses risques de difficulté sur le plan psychologique quand il sera adulte – dépression et anxiété entre autres”, lâche-t-il. Ou encore : “Bien évidemment que quand je prends publiquement la parole pour valider et promouvoir une éducation fondée sur la menace, la violence et la punition, je participe à la violence faite aux enfants en général dans notre société.” Face à ce qui s’apparente à un clash, le journal Le Monde remarque avec pertinence qu’il “manque finalement le point de vue peut-être le plus important : celui des enfants”

Par Ana Boyrie