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Qu’est-ce que cette <i>étonnante</i> pratique du <i>« birth tourism »</i> ? - Doolittle
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Qu’est-ce que cette étonnante pratique du « birth tourism » ?

Sur les réseaux, nombreuses sont les influenceuses à faire la promotion de ce “tourisme de naissance”, qui consiste à accoucher dans un autre pays que le sien, afin que son bébé obtienne la double nationalité. Un choix qui fait forcément débat.

Une pratique qui étonne autant qu’elle inquiète : le birth tourism ou “tourisme de naissance”. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, cela consiste à aller accoucher dans un autre pays que le sien pour que son enfant obtienne la double nationalité, mais pas que : les parents auront également un droit de résidence. C’est ce qu’on appelle dans le jargon politique le droit du sol (ou jus soli en latin), pratiqué par plus de 30 pays comme l’Argentine, l’Australie, les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore la France. Attention, il est important de rappeler que tous n’ont pas les mêmes conditions : si dans les pays d’Amérique, le droit du sol s’applique de façon systématique, en France, il pourrait se complexifier. N’oublions pas que la loi sur l’immigration votée récemment pourrait bien changer la donne : désormais, une personne née sur le territoire français, de parents étrangers, devra faire la demande entre ses 16 et 18 ans pour recevoir la nationalité française. 

Un “privilège de blanc”  

Pour vous donner un exemple, on vous présente Shannen Michaela, une influenceuse bien-être qui compte plus de 270 000 d’abonnés sur Instagram et dont on a pas mal parlé ces derniers temps. La raison ? Cette jeune Australienne est partie de son pays natal avec son mari, pour accoucher au Costa Rica. C’est dans une vidéo qu’elle explique le concept du birth tourism, les raisons pour lesquelles elle le pratique, tout en annonçant fièrement que son bébé a désormais la double nationalité. “C’est une forme légale d’immigration, ça vous protège des personnes qui veulent entraver votre liberté de mouvement”, justifie-t-elle avant de dégainer ses nouveaux passeports et de clamer : “C’est un investissement pour votre famille, pour l’avenir de votre enfant, et pour les générations à venir.”

 

 

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Une publication partagée par Shannen Michaela (@shannenmichaela)

S’il est difficile de quantifier les influenceuses optant pour cet accouchement touristique, les contenus ayant le plus de vues et de likes sont ceux qui dénoncent la pratique. La plupart parle d’un “white privilege”, autrement dit un “privilège de blanc”, expliquant qu’il est plus facile de pratiquer ce tourisme de naissance lorsque l’on est riche et blanc. Un argument difficile à contester… On pense notamment aux milliers de femmes enceintes migrantes qui fuient leur pays mais qui ne sont acceptées nulle part. Il n’y a qu’à voir le rapport de Santé publique France, précisant la proportion de femmes sans abri – souvent d’origine africaine ou maghrébine – ayant accouché en Île-de-France, qui est passée de 5,8% en 2010 à 22,8% en 2019. C’est donc un déluge de critiques qui apparaît sous le post de Shannen Michaela, qui frôle tout de même les 23 000 likes : “colonialisme des Temps modernes”, “privilèges de riches”, “différence de traitement selon ses origines”… Le choix est vaste. 

Par Ana Boyrie