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Qu’est-ce que c’est que cette histoire de “gramnesia” qui touche les grands-parents ?
Pas de panique, la santé de pépé et mémé n’est pas en danger. Il s’agit du dernier néologisme américain (ça ne s’arrêtera donc jamais), désignant les grands-parents ayant oublié le stress d’élever un enfant en bas âge. Ça vous parle ?
À l’image de nos mères qui, longtemps, ont omis les détails les plus douloureux de l’accouchement, les grands-parents présentent l’éducation de leurs enfants comme une expérience sans stress et sans difficultés. De quoi troubler l’harmonie familiale. Selon un sondage Ifop mené en 2021, 19 % des Français considèrent que les relations avec leurs parents sont devenues compliquées à la naissance de leur enfant. Pour 17 %, elles se sont tendues, tandis que 17 % les qualifient de “distantes”. Des chiffres qui prouvent une fois de plus que l’éducation des enfants fait partie des sujets qui fâchent. Mais des grands-parents atteints de “gramnesia”, ça donne quoi ? Des phrases – pour la plupart comparatives – du genre : “à son âge, tu ne faisais pas autant de caprices” ; “toi, tu as fait tes nuits au bout d’une semaine” ; “il serait pas un peu hyperactif ?”.
« Je viens d’entendre l’expression “gramnesia”, quand les grands-parents oublient ce que c’est vraiment que d’avoir de jeunes enfants, et je ne peux pas m’empêcher de penser à quel point c’est exact », s’exclame Allie McQuaid, thérapeute et maman du Maryland – se faisant appeler sur les réseaux “millenialmomtherapist” – dans une vidéo Instagram, relayée par Le Huffpost. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule à s’identifier, puisque la vidéo a été visionnée plus de 4 millions de fois et a reçu plus de 21 000 likes.
Pour expliquer ce phénomène, la psychologue avance plusieurs théories : tout d’abord, comme le rappelle France Alzheimer sur son site, chaque parent est doté d’une mémoire sélective. Autrement dit, il est normal au fil du temps d’oublier volontairement les mauvais souvenirs pour ne retenir que les bons. Résultat : les expériences d’éducation négatives apparaissent plus positives qu’elles ne l’ont été en réalité. Deuxièmement, les mœurs en termes de parentalité ont évolué. Les pédiatres ont revu leurs recommandations et défendent aujourd’hui de nouvelles pratiques : bye bye, la fessée ; fini les heures à laisser bébé pleurer.
Forcément, ça crée des échauffourées. Selon le sondage Ifop, 31% des enfants pensent que leurs parents sont trop francs lorsqu’ils désapprouvent la manière dont ils élèvent leurs enfants, et 18% sont agacés lorsqu’ils reçoivent des recommandations. Un comportement aux conséquences lourdes (pourtant si évitables) : au lieu de confier leurs difficultés ou leurs émotions, les jeunes parents préfèrent alors se taire craignant d’être jugés par leurs parents ou de nourrir les stéréotypes négatifs circulant à l’encontre des nouvelles générations. Donc, les grands-parents : au pire, on laisse ses enfants gérer. Au mieux, on les soulage. Mais pas de remarques. À bon entendeur.