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Que faut-il penser des instituts de beauté pour enfants ?
Sur les réseaux sociaux, des vidéos s’accumulent révélant les coulisses de salons de beauté. Jusque-là, pas de quoi fouetter un chat. Exceptés que ces établissements sont destinés aux petites filles à partir de trois ans. Qui dit mieux ?
Une “skincare” routine dès l’âge de trois ans : peut-on pousser davantage dans l’absurde ? Si l’on en croit des dizaines de vidéos publiées sur les réseaux sociaux, oui. Formule “spa kids”, massage de pieds, automassage “pour en finir avec les petites tensions du quotidien”, pose de vernis à ongles, gommage, grenadine servie dans des coupettes de champagne… Dans un article consacré au sujet, Le Parisien décrit un business ayant conquis l’Hexagone, dont les prestations se chiffrent parfois en centaines d’euros. Visiblement, cette tendance des centres de beauté pour enfants nous viendrait tout droit des Émirats arabes unis. Dubaï, plus précisément. Mais au risque de vous étonner, le concept existe en France depuis déjà plusieurs années. Le Journal des Femmes nous rappelle l’ouverture polémique de l’institut de beauté dénommé le Mini Kid Spa en 2011, proposant…des épilations dès l’âge de six ans. Mademoizelle en rajoute une couche (à raison), mentionnant un “programme minceur” à destination des 7-13 ans, “à base de gommages vigoureux sur ces fesses molles”.
De l’eau et un nettoyant doux, rien de plus
“Le but, ce n’est pas de les transformer en poupée, tient à préciser Marion Authier, esthéticienne, dans un reportage France 2. Maintenant, il y a beaucoup de vidéos et de tutos sur internet qui font qu’elles peuvent mettre tout et n’importe quoi sur leur visage, et pas forcément avoir les gestes adaptés à leur peau. Donc, notre but, c’est vraiment de les accompagner et de les conseiller pour qu’elles aient les bons gestes.” Parlons peu, parlons des bons gestes justement. Selon le dermatologue Pierre Vabres – pour France 2 toujours – de l’eau et un nettoyant doux suffisent amplement. “Chez les enfants, un développement d’allergie se fait souvent à travers la peau. Donc le risque, c’est des allergies cutanées comme de l’eczéma”, avertit-il. Sans compter que cette nouvelle mode risque d’envenimer l’épidémie de dysmorphophobie dont souffrent les nouvelles générations, de plus en plus friandes de la chirurgie esthétique… “C’est peut-être exposer des enfants un peu fragiles à l’adolescence, à se dire que ‘oui, l’apparence est une chose fondamentale dans la vie et la chose essentielle’”, s’inquiète la pédopsychiatre Amandine Buffière sur France 2. D’autant que, pour l’instant, rien de tout cela n’est illégal. N’est-il pas temps d’imposer à ces établissements rose-bonbon quelques réglementations ?