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10 super raisons de revoir Ça Cartoon
On vous emmène loin des dessins animés actuels comme Pat Patrouille, Peppa Pig ou Pyjamasques, très loin même… Ancien rendez-vous incontournable du dimanche soir sur Canal +, Ça Cartoon a bercé trois générations de téléspectateurs. L’émission diffusée de 1986 à 2008, et présentée par l’immense Philippe Dana, est en partie égarée dans les tréfonds de YouTube. Voici 10 bonnes raisons de se donner la peine d’essayer de les y retrouver !
10/ Philippe Dana a présenté Ça Cartoon avec un Nul
En 1986, Philippe Dana tourne le pilote d’un jeu, Star Quizz, voué à remplacer un programme présenté par Coluche, 1 Faux. « Coluche devait partir en tournée et il était urgent de le remplacer. Pierre Lescure m’informe que Star Quizz revient finalement à Philippe Risoli et que Canal + a acheté un stock de dessins animés à la Warner. » Quelques-uns de ces cartoons ont été diffusés pendant l’été, remportant un franc succès d’audience. « Canal + a décidé d’en faire une programmation hebdomadaire avec un gus au milieu, c’est-à-dire moi-même. » Après avoir failli être confié à Alain Chabat, Ça Cartoon démarre finalement en février 1986 avec Philippe Dana et Dominique Farrugia dans le rôle d’un projectionniste avant d’aller rejoindre les Nuls.
9/ Michel Hazanavicius a commencé sa carrière grâce aux Looney Tunes
Au combo de Ça Cartoon, on trouve le directeur général de Canal + Pierre Lescure, flanqué de son fidèle acolyte Alain de Greef, en charge des programmes, mais aussi un certain Roger Molina. « L’assistant réalisateur n’était autre que Michel Hazanavicius, qui deviendra célèbre avec OSS 117 et The Artist. Il s’amusait tout le temps à m’imiter en faisant des bruits de bouche. » Les deux complices se retrouveront quelques années plus tard sur Les Nuls l’émission dont Philippe Dana assurera la voix off. « C’est Michel de dos avec son blouson qu’on suit dans le générique. » Michel Hazanavicius offrira enfin un rôle à Philippe Dana dans Le triomphe de Bali-Balo, téléfilm de Noël « détourné » en 1992.
8/ Yves Montand était fan de l’émission
En 1989, Philippe Dana arrive sur les ondes de France Inter. Le directeur des programmes Pierre Bouteiller le charge d’interview Yves Montand. « A l’époque, c’était une méga star. On ne l’approchait pas comme ça. » Quelques jours plus tôt, l’assistante de Michel Denisot a informé Philippe Dana que le chanteur avait demandé des extraits de dessins animés. Montand, fan de cartoon ? Yves Livi a commencé sa carrière de chansonnier dans les cabarets de Marseille où il imitait Donald Duck… « Il m’appelait pratiquement tous les dimanches pour commenter l’émission et me faire des suggestions. » Au printemps 1991, Philippe Dana le rencontre finalement en vue de l’inviter dans Ça Cartoon à Noël. « Le samedi 9 novembre, à 15h, j’apprends qu’Yves Montand est mort sur le tournage d’un film de Jean-Jacques Beneix. » That’s all, folks !
7/ Un célèbre énarque a voulu changer l’heure de diffusion de Ça Cartoon
Diffusé le dimanche soir de 19h30 à 20h30, Ça Cartoon rythme chaque semaine les dernières heures du week-end. Soucieux de ne pas manquer une minute de l’émission, les téléspectateurs ne disposent alors que d’un magnétoscope en cas de pépin. « Lors d’un déplacement professionnel au Havre, Jacques Attali me raconte avoir écrit à André Rousselet [fondateur de Canal +, ndlr] pour lui demander de changer les horaires de l’émission parce qu’il ne pouvait pas regarder 7 sur 7. Son fils n’aurait manqué pour rien au monde Ça Cartoon. » Bugs Bunny ou Anne Sinclair, il fallait choisir !
6/ Ça Cartoon a ringardisé les élections législatives
Ça Cartoon démarre sur les chapeaux de roue en 1986. L’émission connait un premier pic d’audience le 16 mars, jour des élections législatives. De retour des urnes, les téléspectateurs boudent les éditions spéciales organisées par cinq des six chaînes alors disponibles. Ça Cartoon cartonne comme jamais. « Tout le monde diffusait les résultats électoraux. Si on voulait voir autre chose, il fallait aller sur Canal +. C’est comme ça qu’on a battu un record d’audience ce soir-là. » Qui aurait cru que Daffy Duck et sa clique dameraient un jour le pion à Jacques Chirac, grand vainqueur du scrutin historique à l’origine de la première cohabitation ?
5/ Philippe Dana a rencontré Chuck Jones
En 1987, Philippe Risoli prend la place de Philippe Gildas pour présenter chaque midi Direct, l’un des premiers talk-shows de la chaîne. « Un jour, j’ai appris que Chuck Jones était de passage à Paris et je lui ai proposé de l’interviewer en direct dans son émission de la mi-journée. On a parlé de son travail, de ses personnages, etc. C’était passionnant ! » Neuf ans plus tard, Chuck Jones recevra des mains de Robin Williams un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Présent dans l’assistance, Quentin Tarantino, euphorique, n’oubliera pas de rendre hommage à l’un de ses maîtres. En 2012, Django Unchained tiendra l’affiche de son cinéma de Los Angeles avec l’une des Merry Melodies de Chuck Jones, Dog Gone South. Fans absolus eux aussi, Steven Spielberg et Matt Groening signeront tour à tour les mémoires du cartoonist.
4/ Les cartoons ont été créés dans une termitière
A la fin des années 20, les studios hollywoodiens misent des centaines de milliers de dollars sur la révolution technologique qui fait trembler l’industrie : le son. Fondateur de la Pacific Title and Art, société spécialisée dans la création d’intertitres (une technique désormais obsolète), l’entrepreneur Leon Schlesinger se convertit dans la production de dessins animés avec l’aide d’anciens employés de Walt Disney. Ce véritable « laboratoire du gag » s’installe dans un bungalow vétuste à l’ombre des studios Warner Bros. L’insalubrité des locaux vaut à ce bureau secret le sobriquet de « Termite Terrace » (« terrasse aux termites » en VF). De Chuck Jones à Tex Avery, ces talentueux insectes feront les beaux jours de l’industrie du cartoon pendant une dizaine d’années.
3/ Les Looney Tunes étaient interprétés par un seul acteur
De Porky Pig à Woody Woodpecker en passant par Bugs Bunny, il leur a tous prêté sa voix. Son nom ? Mel Blanc. Sa bonne fortune, « l’homme aux mille voix » la doit au boom de l’industrie radiophonique dans les années 30 et à un taureau alcoolique, premier animal d’une longue lignée d’olibrius qu’il doublera pour le restant de ses jours. Capable de faire quatorze voix en même temps, Mel Blanc s’acclimate particulièrement bien au climat de Termite Terrace où les farces fusent à tout-va. Avec ses cordes vocales pour seul instrument de travail, la star du doublage négocie le titre de « voice characterization » au générique des Merry Melodies. On l’entendra une dernière fois donner de la voix dans Qui veut la peau de Roger Rabbit en 1988, deux ans après le lancement de Ça Cartoon.
2/ Philippe Dana n’a jamais vraiment parlé aux Looney Tunes
Chaque semaine, un pool d’auteurs se met en ordre de bataille pour écrire les nouvelles aventures de Philippe Dana au pays des toons. « La règle, c’était de terminer l’émission avec un Tex Avery ou cartoon de Tom et Jerry. » Le tournage demande ensuite beaucoup de débrouillardise aux techniciens. Pour simuler ses interactions avec les Looney Tunes, Philippe Dana s’adressait à des pieds de micro, des morceaux de scotch lui indiquant où placer son regard. « L’émission prenait vraiment forme pendant la phase de post-production avec les techniques d’incrustation qui se perfectionnaient d’année en année. » Des années après la fin de Ça Cartoon, les Looney Tunes prendront le basketteur LeBron James comme nouveau sparring-partner dans Space Jam : Nouvelle Ère (2021).
1/ Jamel Debbouze a présenté Ça Cartoon
Le PAF se précipite à la porte de Philippe Dana pour présenter Ça Cartoon. A la fin des années 90, Jamel Debouzze vit ainsi un vrai rêve de gosse. Calife à la place du calife, l’humoriste prend la place de Philippe Dana le temps d’une émission. « Tout le monde voulait jouer avec les personnages. Pierre Lescure a interviewé Bugs Bunny dans une émission. » Plus tard, Jamel Debbouze prêtera volontiers sa voix à des personnages de Disney (Dinosaure, Monstres Academy, Toy Story 4, Le Roi Lion), réalisant finalement son propre film d’animation en 2015, Pourquoi j’ai pas mangé mon père.
- Image à la une : Pinterest