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Stop aux  “gender reveal <i>parties</i>”! - Doolittle
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Stop aux “gender reveal parties”!

Au-delà d’être le bastion des stéréotypes de genre, certains parents vont beaucoup trop loin à l’occasion des “gender reveal parties”. Il est donc temps d’en finir avec cette mode.

Il y avait la baby shower, il y a désormais une autre fête qui rencontre un énorme succès : la “gender reveal party”. Le credo de ces fiestas : toujours plus. Fumigènes de couleur, gâteau éponge qui, à la découpe, laisse apparaître une crème pâtissière colorée, pigeon teint, avion laissant une traînée de fumée façon défilé du 14 juillet, canons à confettis… Deux couleurs sont possibles : bleu pour les garçons, rose pour les filles. Pas très 2023, hein ! Et des stars se prêtent au jeu : en tournée mondiale pour son Renaissance Tour, Beyoncé a réalisé le “gender reveal” d’une fan en Allemagne, en révélant le sexe du futur enfant en plein concert. Mais qui dit audace peut aussi dire danger. Exemple : un couple a détruit 90 km2 de forêt en Californie avec une machine à fumée, tandis qu’au Brésil, de futurs parents ont pollué un cours d’eau, en colorant une cascade naturelle en bleu. « C’est dans la même lignée que les goûters d’anniversaire, estime Fanny Lefèvre-Pontalis, psychologue clinicienne. « Ce qui est choquant, c’est le côté outrancier, démesuré, business, qui parle plus du narcissisme des parents que véritablement de la fête d’accueil du futur bébé. (…) Ce qui me pose problème ici : l’enfant est trop sommé de faire le bonheur de ses parents. On est ravi que ce soit une fille, on est ravi que ce soit un garçon… mais en fait, on s’en fiche ! Si on est prêt à avoir un enfant, peu importe le sexe. »

Un message pas si rose

Sans surprise, ces “gender reveal parties” ont pour origine les États-Unis et la fin des années 2000. L’arrivée des réseaux sociaux n’a fait qu’amplifier cette débauche de rose et de bleu. En général, on y voit une pléthore d’invités, entourant les futurs parents, impatients de découvrir l’anatomie de l’enfant à naître après un compte à rebours digne d’un 31 décembre. Mais au fond, le message véhiculé n’est pas si rose… Pour certains, rien que le nom pose problème. D’après eux, “gender reveal party” devrait s’appeler “sex reveal party”, puisque le sexe – homme, femme ou intersexué·e – correspond à un ensemble de caractéristiques biologiques, là où le genre est une construction socioculturelle. Autrement dit, on ne naît pas homme ou femme, on le devient. Fondées sur la croyance que l’être humain est soit garçon, soit fille – dans une époque où le genre est bien plus large –, ces cérémonies illustreraient ainsi parfaitement la résistance des stéréotypes de genre. Même celle à qui l’on doit la première “gender reveal party”, une certaine Jenna Karvunidis, émet des regrets. Le fait que sa première fille ait commencé à s’identifier comme non binaire a dû aider. C’est donc via un post Facebook de 2019 que la jeune mère est revenue sur ce phénomène “devenu fou” selon elle : “Qui accorde de l’importance au genre de son bébé ?, écrit-elle. Je l’ai fait car nous ne vivions pas en 2019 et nous ne savions pas ce que nous savons maintenant – le fait qu’assigner un genre à la naissance prive les enfants de leur potentiel et de certains talents qui n’ont rien à voir avec ce que nous avons entre les jambes.” En un mot, donc : stop !

Par Ana Boyrie