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Qui sont les grands-parents des années <i>2020</i> ? - Doolittle
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Qui sont les grands-parents des années 2020 ?

À l’heure de la réforme des retraites, les grands-parents d’aujourd’hui font le choix de s’occuper (un peu) de leurs petits-enfants et de profiter (beaucoup) de la deuxième partie de leur vie. Ce qui représente l’air de rien un vrai changement avec les générations précédentes. 

À tout juste 70 ans, Brigitte et Lionel Vigné sont retraités et vivent depuis 5 ans en Tunisie. Avant, ils avaient choisi l’Espagne. Pour eux, hors de question de rester en France pour gérer les petits-enfants au quotidien comme le voudrait le cliché : « C’est un choix. Quand les grands-parents sont là tout le temps, ils n’ont plus de vie. On bouge beaucoup, on ne s’ennuie pas, on s’amuse, on a le droit. C’était important pour notre couple aussi », assume monsieur. Moto, sport, randonnée, sorties… Le couple de retraités a de quoi s’occuper. Pour voir leurs onze petits-enfants âgés de 2 à 18 ans, ils reviennent en France tous les deux ou trois mois et restent entre deux semaines et un mois et demi. « Quand on se voit, on a beaucoup de choses à se dire, on évite la routine. Bien sûr, qu’ils nous manquent un peu mais avec les nouvelles technologies, on leur parle presque tous les jours. » Si Brigitte était d’accord sur le principe, Lionel a « dû insister un peu ». Mais, elle a récemment reconnu qu’ils « n’auraient plus de vie sinon ». 

Qui sont les grands-parents des années <i>2020</i> ? - Doolittle

Liberté chérie

Aujourd’hui, le nouveau crédo des grands-parents contemporains est le choix ; le choix de voir leurs petits-enfants quand cela les arrange, leur faire faire l’activité qu’ils veulent. « C’est une posture moins subie qu’avant. Ils y prennent plus de plaisir en se mettant moins la pression, analyse Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne à Nanterre. Cette génération a un vécu différent du vieillissement par rapport à celle d’avant. La retraite représente leur deuxième vie. Ils veulent vivre pleinement et lâchent prise par rapport à l’obligation des petits-enfants ». C’est aussi le cas de Jeannine, 78 ans, à Nancy. « Punaise ma liberté, c’est sacré ! C’est pour cela que je vis seule, pour faire ce que j’ai envie de faire. Mais, attention, priorité aux enfants et aux petits-enfants », affirme la grand-mère de cinq petits-enfants, de 34 ans à 12 ans. Son style ? Ne pas s’imposer et les laisser venir à elle. « Je ne m’impose pas. Je suis là s’ils ont besoin de moi, souvent en cas de conflit avec les parents. Quand mes petites-filles étaient plus jeunes, s’il le fallait, j’allais les chercher pour dormir à la maison. Aujourd’hui, j’ai une relation très complice avec elles », se confie-t-elle. Aujourd’hui, si les trois petites-filles ont pris leur indépendance, Jeannine prend souvent le relais avec son petits-fils de 16 ans, en conflit intense avec sa mère en cours de séparation d’avec son père. Et la Nancéienne d’approfondir : « En fait, je pense que cette relation est celle que j’aurais voulu pour mes enfants avec leurs propres grands-parents mais ma mère est décédée jeune ».

Bonbons et dessins animés à gogo

Entre éducation positive et surprotection, c’est certain, l’éducation d’hier n’est plus la même qu’aujourd’hui. « Mais les grands-parents ne veulent pas reproduire à l’identique ce qu’ils ont fait avec leurs propres enfants. Ils reconnaissent leurs erreurs, notamment sur les violences éducatives », rassure Aline Nativel Id Hammou. Les Vigné considèrent qu’ils ne sont pas là pour gronder leur descendance. Mais, attention, « on met le hola quand le b.a.-ba n’est pas respecté. On a toujours notre grain de sel à mettre », s’amuse Lionel. De son côté, Jeannine Gascard-Mathieu va plus loin : « Je pense que les grands-parents n’ont pas les mêmes relations qu’avec les parents. Nous sommes là pour arrondir les angles. Quand j’ai mes petits-enfants, ce n’est pas pour me battre mais je ne me laisse pas marcher sur les pieds non plus. Cette place permet un certain recul ». Chez papy et mamie, c’est bonbons, jus de fruits et dessins animés à gogo… Et c’est ok ! Selon la psychologue, c’est même plutôt positif car cela crée un attachement différent avec leurs petits-enfants. « Ils deviennent des personnes ressources, avec leurs propres expériences, et leur permettent de se développer en dehors de la famille nucléaire », révèle-t-elle. Et quand il y a conflit entre grands-parents et parents? « Idéalement, il faut se décentrer et garder en tête que le plus important est vraiment la relation entre le grand-parent et le petit-enfant », conseille la psychologue. Dans le cas de grands-parents absolument démissionnaires vis-à-vis de leurs petits-enfants, il est important d’essayer de nouer des liens, pour le bien-être du petit-enfant. Encore une autre paire de manches… 

Par Julie Falcoz