Que sont devenus les enfants des films d’horreur ?

Danny Lloyd – The Shining

Pour Danny Lloyd, c’était la belle vie. Âgé de six ans à l’époque, le gamin de l’Illinois se contentait de faire du tricycle dans les couloirs d’un grand hôtel sous le nom de Danny Torrance et de jouer au ballon avec un barbu à la présence imposante : Stanley Kubrick. Danny ne connaissait pas le sujet de Shining. Le cinéaste avait cru bon de ne pas lui dire qu’il était en train d’interpréter un personnage aux pouvoirs paranormaux, et préféré lui faire croire qu’il jouait un petit rôle dans un drame familial situé dans un hôtel. “Je me rappelle que j’avais interdiction d’être sur le plateau pendant toute la période où Scatman Crothers se faisait tuer à la hache.” Sur le tournage, il avait pourtant surpris Jack Nicholson avec une hache à la main. L’acteur avait alors distrait le garçon en faisant des bonds et imitant un Indien tenant un tomahawk. “Mes parents étaient là et on riait tous. Ça ne faisait pas peur.” Lloyd a fini par voir le film à l’âge de 10 ou 11 ans. “Je n’ai pas eu peur.” Depuis, plus aucun film. Danny Lloyd a pris sa retraite du show business à l’âge de huit ans, élevé des cochons pour financer ses études, avant de devenir professeur de biologie dans le Kentucky. Parfois, ses quatre enfants continuent de moquer la coupe de cheveux de Danny Torrance. D’autres fois, ce sont ses élèves qui plient leurs index en grommelant “Redrum” dès qu’il a le dos tourné. Mais aucun traumatisme pour Danny Lloyd. Ou presque. Un membre de l’équipe lui avait promis de lui envoyer le fameux tricycle. “J’ai attendu, attendu, mais il n’est jamais arrivé.” 

Linda Blair – L’exorciste

“Vous étiez Satan, n’est-ce pas ?” Voilà le titre du documentaire dans lequel Linda Blair détaillait la manière dont L’Exorciste a bouleversé sa vie. Car à 13 ans, la fille du Missouri n’avait aucune velléité d’actrice. Blair rêvait plutôt d’être… vétérinaire. Or pour financer ses études, sa mère lui avait conseillé de faire un peu de mannequinat et de jouer dans des pubs. De casting en casting, elle avait fini par tomber sur William Friedkin qui lui raconta son histoire de gamine possédée. Bon. Sur le tournage, l’ado n’avait pas bien saisi de quoi il était question. L’horreur n’est arrivée qu’à la sortie du film, quand les journalistes ont commencé à questionner la santé mentale de la petite fille et les menaces de mort à s’empiler. Pour “prouver qu’elle est une adolescente normale”, la Warner organise alors une conférence de presse. La fille de 13 ans se retrouve à répondre à une litanie de questions sur le bien et le mal, l’exorcisme et les esprits possédés. “Ça ne m’intéressait pas, dira-t-elle. Je n’avais pas été éduquée dans une famille catholique, donc pour moi, la seule question c’était : quand est-ce que je vais pouvoir revenir à mes animaux et à mes chevaux.” Aujourd’hui, la Linda Blair WorldHeart Foundation lutte contre la cruauté envers les animaux. Un rêve accompli donc. Et bien mérité, selon elle “Je pense que j’ai été extrêmement polie en répondant aux questions sur L’Exorciste presque tous les jours de ma vie.”

Alex Vincent – Chucky 

En 1988, la poupée Chucky tournait la tête à 180 degrés, demandait “Tu veux jouer ?” et terrorisait les enfants du monde entier. Mais pas Alex Vincent, 7 ans, l’interprète du jeune Andy dans les deux premiers films de la saga. Avant le début du tournage, le réalisateur et les producteurs s’étaient entretenus avec sa mère pour veiller à ce que le garçon ne soit pas hanté par la mauvaise poupée. “Mais je savais faire la différence entre le réel et la fiction, disait l’acteur au Cosmopolitan. Chucky était une poupée super cool, avec beaucoup d’électronique et de câbles qui sortaient en dessous. Pour que la poupée ait l’air vrai, il fallait faire beaucoup de prises, 30 ou 40 prises d’affilée. Il n’y avait aucune crainte à avoir.” Difficile toutefois de croire Alex Vincent quand il dit que la poupée ne l’a pas hanté par la suite. En 2016, il admettait que Chucky était un sujet de conversation récurrent lors de ses premiers rendez-vous. En 2013 puis 2017, l’acteur a joué dans La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky. Dans ce dernier, il partageait un joint avec la poupée, sortait un chalumeau et lançait un sadique : “Tu veux jouer ? Jouons.”

Miko Hugues – Simetierre  

Miko Hugues n’avait que 3 ans quand il a joué dans l’adaptation du Simetierre de Stephen King. “Je me contentais de jouer à faire semblant, j’étais presque un bébé”, confiait-il en toute modestie au Cosmopolitan en 2016. Une performance remarquée qui lui a permis de jouer dans Freddy sort de la nuit de Wes Craven à l’âge de 8 ans. Assez vieux pour se rappeler l’expérience. “Il y a eu un moment où j’ai eu peur. Ils ne m’avaient pas dit que Freddy allait surgir, j’imagine pour avoir une bonne réaction. Finalement, ça m’a fait trop peur. Mais en général, bosser sur un film d’horreur n’a rien de différent des autres tournages. Tournez la caméra et vous avez 20 à 30 personnes debout en train de manger des donuts.” Après ces deux films, le garçon a commencé à recevoir des lettres de fans “attendant autre chose qu’une simple relation avec un enfant”. Depuis Miko a arrêté le cinéma, s’occupe d’une ruche et traîne parfois sur Tinder. “Ce truc : ‘Hey ! T’as déjà vu ce film ?’ ça pouvait être une bonne accroche.”