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Les secrets du succès de « La Maison des maternelles »
Comment La Maison des Maternelles est-elle devenue une émission culte ? Quelle est sa recette qui la rend incontournable auprès des parents ? On a passé une tête sur le plateau pour essayer de percer ses mystères…
Comme chaque matin, toute l’équipe prépare le direct de 9h30. Au milieu des luminaires designs et des jouets d’enfant en bois, la bonne humeur règne. Les rires fusent. Autour de la table, certains répètent tandis que d’autres finissent de monter une cuisinière en bois. « Il n’y a jamais de stress ni de tension. L’ambiance est aussi naturelle qu’à l’antenne, confirme Agathe Lecaron, animatrice de l’émission la Maison des Maternelles depuis 2016. Depuis le temps que nous travaillons ensemble, on n’a même plus besoin de se parler ».
L’émission La Maison des maternelles a récemment fêté ses 20 ans, presque un record en télévision – à part pour Drucker évidemment. Passée par France 5 et France 4, elle est désormais en direct tous les jours à 9h30 sur France 2. Génération 2.0 oblige, l’émission se prolonge en ligne, en direct, sur francetv.fr, pendant une vingtaine de minutes. Justement, l’émission a pris le virage du web en même temps que la nouvelle formule. Dès ses débuts, la chroniqueuse Marie Perarnau a rapidement senti l’engouement des téléspectatrices : «J’ai été embauchée pour lire leurs questions en direct. C’était nouveau, tout le monde regardait l’émission avec son téléphone. Notre audience voulait vraiment participer », se souvient la chroniqueuse. Aujourd’hui, l’émission, qui se décline également en podcast, cumule 2,5 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Et les audiences sont bonnes, s’il fallait le préciser : depuis septembre 2022, La Maison des maternelles réunit près de 350 000 téléspectateurs soit 11,3% de part d’audience.
Rupture de ton et congé maternité
En 2001, l’émission débarque sur le service public avec Maïtena Biraben. D’autres grands noms prennent le relais ensuite : Karine Le Marchand, Élizabeth Tchoungui, Daphné Bürki, Julia Vignali et Sidonie Bonnec. Avec aussi Nathalie Le Breton, autre grande figure de l’émission. « Tout à coup, il y a eu une rupture de ton, une parole vraie et naturelle. Par rapport à ce qui se faisait à la télévision, c’était un ovni », analyse Agathe Lecaron. Ce ton amical et déculpabilisant a perduré jusqu’à aujourd’hui. Sur le plateau, l’ambiance est bienveillante et positive. Agathe Lecaron évoque souvent son rôle de mère de famille en utilisant l’auto-dérision : « C’est important pour nous de ne pas faire de chichi ni de coquetterie de langage. On essaye de parler comme on parlerait à des copines, c’est plutôt singulier à la télé », détaille-t-elle. Aussi parce que les sujets abordés collent au plus près des préoccupations des parents. Mais depuis qu’elle est sur France 2, elle s’adresse aussi aux parents d’adolescents et aux grands-parents. « C’est une garantie de succès quand une émission se renouvelle », constate Yasmine Oughlis, en charge de la chronique destinée aux ados. « C’est une matière en mouvement, nous n’avons fait que suivre son évolution, pointe Agathe Lecaron. On est tous parents dans l’équipe (Ndlr : c’est une condition pour y travailler) donc nous avons tous les jours des problématiques à partager ». La preuve ? L’émission a continué pendant les différents confinements, animatrice et chroniqueurs émettant de chez eux, avec leurs enfants qu’ils devaient occuper…
Témoigner pour aider
La Maison des maternelles fait souvent partie du paysage quand on devient parents. « Cette émission est culte parce que tout le monde la regarde à un moment ou à un autre, même de manière provisoire et qu’elle est associée à un des plus grands bonheurs de la vie pour les téléspectateurs », précise Benjamin Müller, l’un des chroniqueurs. Et Marie Perarnau d’aller plus loin : « C’est même constitutif de la maternité. Il y a quelque chose de l’ordre du lien social qui se crée quand on la regarde ». On peut effectivement parler de lien social quand des personnes viennent témoigner de sujets graves à la télévision pour aider d’autres parents ou parce que des précédents témoignages les ont aidées auparavant. « On reçoit des e-mails spontanés de personnes qui veulent partager leur histoire, raconte Corrine Thebault, rédactrice en chef. On récolte les fruits de sept années de nouvelle formule et d’interactivité. Par exemple, les gens nous remercient de les avoir aidés à déceler le CMV de leur bébé alors qu’ils n’en avaient jamais entendu parler ». « Nous avons une banque de données de vidéos sur n’importe quel sujet, disponible 24h/24, ajoute Clélia Dumoulin, l’autre rédactrice en chef de l’émission. C’est dans notre ADN de service public ». Surtout, certains sujets ne sont abordés nulle part ailleurs. « Les téléspectatrices savent que l’émission est ultra bienveillante, rappelle Agathe Lecaron. Il y a une espèce de lien tacite de solidarité entre tous les parents ». Une véritable (é)mission d’utilité publique, en somme !