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La chaîne YouTube pour bébés “CoComelon” déchaîne les passions
C’est actuellement le programme pour enfants le plus regardé sur la plateforme. Une chaîne de comptines qui, depuis peu, inquiète de nombreux professionnels en raison de son effet addictif et des potentiels risques sur le développement de l’enfant. Comme dirait Mathilde Serrell sur France Inter, méfiez-vous de la “Cococaïne”.
“Les roues de l’autobus, elles tournent et tournent dans toute la ville” ; “les portes de l’autobus, elles s’ouvrent et se ferment” ; “les essuies-glaces du bus font ouich ouich ouich” (bref, vous avez compris le concept) : voilà les paroles d’une comptine chantées en boucle par des voix enfantines, le tout sur une musique entraînante et surtout, répétitive. Ce nouvel instrument de torture que d’innombrables parents doivent maudire (ou bénir) est en réalité l’une des 1300 vidéos de “CoComelon”, une chaîne YouTube destinées aux 0-3 ans. En France, ces 3 minutes 48 accumulent plus de 80 millions de vues. Mais à l’échelle mondiale, le méga tube est incarné par la “chanson du bain” (“bath song” en anglais) qui dépasse les 7 milliards de vues, soit la quatrième vidéo la plus vue de toute l’Histoire de la plateforme. On vous déconseille fortement d’aller en écouter un extrait, au risque de l’avoir en tête pendant une semaine…
Mais depuis la publication d’une enquête du Parisien, de nombreuses interrogations gravitent autour de ces chiffres impressionnants (et déroutants), entraînant un tas de parutions sur le sujet, toutes plus troublantes. Non, CoComelon n’est pas une secte. Le problème, c’est que “cette chaîne donne l’illusion aux parents que les programmes diffusés sont bénéfiques et sans danger”, dénonce Olivier Duris, psychologue spécialiste des usages numériques, interrogé par Tech&Co pour BFMTV. Considérant le contenu comme inoffensif, les parents laissent sans soucis leurs progénitures devant ces vidéos. Et ce, pendant de longues minutes voire des heures. C’est à ce moment que le piège se referme : car selon Stéphanie Laporte, fondatrice de l’agence social média OTTA, également interrogée par Tech&Co, “tout est fait pour capter l’attention des enfants”. Que ce soit le design des personnages, les couleurs, les paroles et mélodies répétitives, la chaîne transforme progressivement votre enfant en “coco-zombie”. Si bien que sur les forums américains, les parents ont carrément rebaptisé la chaîne “Cococaïne”, la considérant comme de la “drogue pure” rendant “accro les plus jeunes”.
En avril dernier, un rapport d’experts préconisait déjà d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de trois ans
Celles et ceux qui seraient tentés d’utiliser l’argument Teletubbies – programme phare des années 2000 diffusé sur Canal+ puis Tiji – peuvent se raviser : “Un épisode de Teletubbies, c’est 25 minutes. Ensuite, les parents passent au programme suivant et ce n’est pas dommageable, rétorque Stéphanie Laporte sur BMFTV. Avec l’algorithme de YouTube, qui fonctionne comme un cercle vicieux et enchaîne automatiquement les vidéos, les enfants peuvent rester devant ces programmes pendant 3 heures.” Or, on connaît les diverses conséquences d’une surexposition aux écrans à un âge aussi prématuré. Si l’on ajoute à cela le rapport d’experts qui, en avril dernier, préconisait déjà d’interdire l’usage des écrans aux enfants de moins de trois ans, la conclusion à cette affaire est on ne peut plus simple : CoComelon, ça se dose. Finalement, rien ne vaut une comptine chantée par votre douce voix de parent, même fausse.