Rencontre avec Inès Magne, co-présidente d’Inspiring Girls France

Depuis le 4 octobre, vous avez lancé une campagne sur les réseaux sociaux baptisée « This Little Girl Is Me ». Ça consiste en quoi ?

C’est une campagne internationale digitale qui a été lancée pour la première fois en 2021. On la reconduit cette année car ça a eu un impact très fort et puissant sur les réseaux sociaux. L’objectif, c’est de demander à des femmes de publier une photo d’elle-même, enfant, sur Instagram et sur LinkedIn, et de joindre à cette photo un conseil, un message qu’elles aimeraient partager aux jeunes enfants de cet âge-là. Sur ce post, il faut taguer Inspiring Girls France et l’ONG international, accompagné du hashtag #ThisLittleGirlIsMe. La campagne dure jusqu’au 18 octobre, entourant la journée de la fille, le 11.

On dirait que le mois d’octobre va devenir celui de la femme… 

Il y a déjà le mois de mars, avec la journée internationale des droits des femmes. Mais c’est vrai qu’en plus d’Octobre Rose, la journée de la fille est de plus en plus médiatisée !

Un des angles principaux d’Inspiring Girls, c’est la question des role models. Aujourd’hui, les jeunes filles manquent cruellement d’exemples de femmes dont elles peuvent s’inspirer… 

Je suis tout à fait d’accord. C’est justement tout le postulat d’Inspiring Girls France. Chez nous, on dit presque qu’une fois femme, c’est “trop tard”… Aujourd’hui, quand on est jeune fille, se projeter sur quelqu’un qui nous ressemble, c’est compliqué. C’est pourquoi l’ONG fait appel à des role models, des femmes inspirantes, qui interviennent sous différents formats, destinés aux jeunes filles de 6 à 17 ans.

Quels genres de formats ?

Le format classique est une intervention d’une heure dans une classe d’école. Ce qu’il y a de merveilleux, c’est que ces intervenantes s’adressent aussi bien aux jeunes filles qu’aux petits garçons. Notre objectif : montrer l’étendue des possibilités qui s’offrent aux jeunes filles, en leur montrant un exemple. C’est un véritable travail de fond car on ne va pas se mentir : il ne suffit pas qu’une petite fille rencontre une femme astronaute pour que les stéréotypes de genre disparaissent… Ce qui compte, c’est la continuité. Durant l’intervention, la role model va pouvoir parler de son parcours, de ses difficultés, de comment a-t-elle fait pour en arriver là, de ce qui l’a animée, de ce qui l’a motivée…. Jusqu’à maintenant, on a reçu différents profils : des femmes qui travaillent dans le développement logiciel, des femmes metteurs en scène, d’autres qui bossaient dans l’investissement, d’autres qui étaient artistes, d’autres qui étaient directrices artistiques ou encore dans le BTP. Nous disposons d’une plateforme vidéo hub qui regroupe des vidéos de role models, partageant leur expérience et leurs conseils. Nous avons également organisé des conférences digitales où l’on a pu aborder diverses thématiques telles que la thématique de l’art, l’environnement, l’entrepreneuriat, les nouvelles technologies… Et enfin, nous organisons des ateliers thématiques.

Il y en a un qui arrive bientôt, non ? 

Oui ! Un atelier d’émancipation qui a lieu ce samedi 14 octobre, à Paris. Sur inscription gratuite, nous allons donner l’opportunité à un peu plus de cent jeunes filles de rencontrer deux role models : Yoanna Dallier – freestyleuse connue dans le monde du football, championne d’Europe 2023 dans cette discipline – et Inès Leonarduzzi, fondatrice et présidente de l’ONG Digital for the planet. L’événement sera animé par Élise Goldfarb et Julia Layani et se terminera par un petit concert surprise de Eva Queen. Bref, une après-midi remplie de femmes inspirantes !

Comment en es-tu arrivée à lancer Inspiring Girls en France ?

Bien que le marketing soit un domaine relativement équilibré, en revanche, dans les domaines de la Tech, dans lequel j’ai toujours évolué, c’est une autre affaire. Travaillant dans la technologie du paiement, et dans le domaine bancaire, il m’arrive d’aller à des événements où il y a très peu – voire pas du tout – de femmes. Je me retrouve souvent seule… J’ai commencé à m’interroger : pourquoi naturellement, nous avons tendance à nous orienter vers d’autres secteurs d’activité, constatant que nous ne sommes pas beaucoup de femmes dans ce domaine ? Au même moment, j’ai fait la rencontre en Espagne de la présidente de Inspiring Girls Espagne. Elle m’a parlé de son projet, de ce qu’ils faisaient là-bas. Je m’en rappelle comme si c’était hier, j’avais les yeux grands ouverts et n’en perdais pas une miette ! Pendant le confinement, on a eu une discussion avec Julia (co-présidente d’Inspiring Girls France et amie d’Inès, ndlr) qui, comme moi, se posait des questions sur ‘comment faire évoluer les choses’. Assez naturellement, on a décidé de se lancer ensemble dans cette aventure. C’est comme ça qu’Inspiring Girls France est né en 2020. Mon moteur, c’était de me dire : enfant, j’aurais adoré avoir accès à des femmes inspirantes.

Penses-tu que les choses s’améliorent ? 

Bien sûr ! Et tant mieux… Notre objectif est justement d’enlever ces barrières, de déconstruire les stéréotypes de genre qui pourraient persister sur certains métiers. Faire en sorte que les femmes choisissent leur carrière, leur profession ou un mode de vie, non pas parce que la société les attend là, mais parce que ça leur plaît fondamentalement. Et je pense que le monde n’en sera que meilleur. Il est clair que les générations actuelles – comparées à ma génération ou les générations précédentes – vivent un changement positif. Mais c’est encore loin d’être gagné ! De nombreux freins persistent comme le statut social, l’éducation que l’on reçoit… On ne peut pas dire aujourd’hui que la mission d’Inspiring Girls est remplie et terminée.

Si tu avais en face de toi une jeune fille, que lui conseillerais-tu ?

De s’aimer très fort et de parler d’elle-même avec beaucoup de bienveillance. Parce qu’in fine, c’est elle qui sera sa propre meilleure amie. Et puis, d’avoir confiance en elle bien sûr, de tout faire pour travailler cette confiance en soi, un outil qui va lui être utile tout au long de sa vie. Et enfin, parce qu’à ces jeunes âges, c’est un enjeu important, ne pas prêter attention au regard des autres.

Infos pratiques :

Atelier d’émancipation, ce samedi 14 octobre de 15h30 à 18h30.
Lieu : La Fabrique – 52 ter rue des Vinaigriers, dans le X^e arrondissement de Paris.
Événement gratuit, à condition de réserver ici.

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