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Lucile Gomez : échange autour de sa <i>nouvelle bd</i> sur le désir d’avoir un <i>deuxième enfant</i> - Doolittle
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Lucile Gomez : échange autour de sa nouvelle bd sur le désir d’avoir un deuxième enfant

Autrice de nombreuses bandes dessinées, dont la série à succès « La Naissance en BD » (Mama Editions), Lucile Gomez vient de sortir son dernier livre : « Je veux tout… et un deuxième enfant » (Editions Exemplaire). Dans cet ouvrage humoristique, elle évoque le désir d’avoir un deuxième bébé, et les questionnements universels que cela a provoqué en elle.

Quel a été le point de départ de ce projet ? Après avoir écrit trois tomes sur l’accouchement physiologique, vous aviez envie de vous confier davantage sur votre propre expérience de mère ?

Oui, en parallèle de mes autres projets de livres, j’ai toujours fait des petites bandes dessinées inspirées de prises de notes de ce qu’il m’arrivait, de ce qui me faisait rire. Je les partageais sur le blog que j’avais à une époque, puis ensuite sur Instagram. Après trois tomes de « La Naissance en BD », longs à écrire, c’était chouette d’avoir un livre un peu récréatif, pour créer du lien avec mon public, comme je le fais sur Instagram.

Est-ce que ça a été difficile pour vous de partager vos ressentis sur l’arrivée d’un deuxième enfant, de façon publique ?

Sur Instagram, je partage surtout ces courtes bandes dessinées pour rire, ce livre permet une intimité un peu plus forte, on peut aller davantage dans l’introspection, parler de choses qui piquent un peu plus, tout en gardant un ton global humoristique. 

Est-ce qu’aujourd’hui vous arrivez à avoir « tout » ? 

Tout avoir ce n’est pas possible, c’est un écueil du développement personnel qui nous donne l’impression qu’on a le choix, et qu’on peut toujours être une meilleure version de nous-même, qu’on peut toujours faire mieux. Avec ce livre, je mets cela à distance. Avant ma première grossesse, j’avais déjà vécu les questionnements liés au fait de devenir mère : faire un enfant, est-ce une bonne idée ? Mais je ne m’attendais pas à vivre la parentalité comme un tel tourbillon, une telle transformation, un truc énorme ! Quand j’ai enfin retrouvé un équilibre, au niveau personnel, professionnel, parental, et qu’a surgi l’envie du deuxième… c’était comme en vouloir trop. Est-ce que j’ai l’impression de tout avoir ? Quand je me projette vers l’avant, vers des projets, que je suis impatiente, non. Mais quand je m’arrête sur l’instant présent, je me rends compte que j’ai déjà beaucoup, c’est déjà super !

Vous êtes-vous sentie plus complète avec un deuxième enfant ?  

Non, mais je ne regrette pas du tout mon deuxième enfant, c’était une bonne idée de le mettre au monde, malgré les doutes. Quand il était juste né, la pensée furtive m’a traversée « est-ce que j’ai bien fait ? », mais ensuite, je n’ai jamais regretté qu’il soit là, il a très vite fait partie de la famille. Même son grand frère, qui était pourtant très réticent, est très content qu’il soit là désormais !

Lucile Gomez : échange autour de sa <i>nouvelle bd</i> sur le désir d’avoir un <i>deuxième enfant</i> - Doolittle

La Naissance en BD, tome 1, Mama Editions

Lucile Gomez : échange autour de sa <i>nouvelle bd</i> sur le désir d’avoir un <i>deuxième enfant</i> - Doolittle

La Naissance en BD, tome 2, Mama Editions

Lucile Gomez : échange autour de sa <i>nouvelle bd</i> sur le désir d’avoir un <i>deuxième enfant</i> - Doolittle

La Naissance en BD, tome 3, Mama Editions

Lucile Gomez : échange autour de sa <i>nouvelle bd</i> sur le désir d’avoir un <i>deuxième enfant</i> - Doolittle

Je veux tout... et un deuxième enfant, éditions Exemplaire

Finalement, pourquoi avoir fait ce livre maintenant, et pas quand votre deuxième enfant était tout petit ?

Parce que j’ai mis un moment à comprendre que les témoignages de maternité pouvaient avoir un intérêt aux yeux du public. Après « La Naissance en BD », j’ai aimé me connecter avec les lecteurs, me sentir moins seule dans mes questionnements. On s’est longtemps interdit de traiter des sujets de parentalité. Le quotidien des mères surtout, est peu présent dans notre héritage culturel, a été peu écrit, filmé, pensé, écouté… la maternité. Encore moins du point de vue de femmes. Cela paraît anodin de raconter sa vie de mère mais je crois que ça ne l’est pas ! On en a besoin.

Est-ce qu’une suite est prévue à ce livre ?

Oui j’ai pensé d’emblée ce projet comme une série de livres. J’ai choisi de le faire démarrer au moment de la deuxième grossesse car c’est un point de bascule, le personnage a déjà tout. Dans cette série je veux montrer que la vie des femmes aujourd’hui est plurielle. Le milieu et l’époque dans lesquels je vis me permettent d’avoir le choix entre travailler ou être au foyer, avoir des enfants ou pas, choisir un.e partenaire, homme ou femme, en théorie il n’y a pas de frein. Tout choisir, c’est ne renoncer à rien. Les livres suivants seront également sur ce thème, avec à chaque fois un sujet principal. Le prochain s’appellera « Je veux tout… et un bébé qui dort », le suivant « Je veux tout… et vivre de ma passion » au sujet de la reprise du travail. Et j’en envisage d’autres ensuite, par exemple « Je veux tout… et un corps de rêve », le but est toujours de mettre de la distance avec cette quête de la perfection. Je pourrais même continuer jusqu’à « Je veux tout… et un bel enterrement », tant qu’il y a de la joie pour moi à le faire, et une connexion avec le public !

Vous parlez du personnage de votre livre à la troisième personne, alors que le récit est autobiographique. C’est une façon, pour vous, de mettre de la distance ?

Oui c’est vrai je dis « elle » en parlant du personnage, c’est une mise à distance, oui. Ce n’est pas mon journal intime, je reconstruis le récit, je l’angle, je donne un rythme, ce n’est pas littéralement autobiographique, mais c’est issu de ce que je vis, et tout de même très proche de la réalité.

Être mère et autrice-illustratrice, ça ressemble à quoi au quotidien ?

Travailler et être parent, quel que soit le métier, est un vrai défi, surtout dans notre société qui ne considère pas vraiment que l’arrivée d’un être humain nécessite du temps, de la formation et de l’accompagnement. Le féminisme des années 1970 avait pour urgence l’émancipation par le travail et la libération sexuelle. Les sujets de la maternité et de la parentalité ont été mis à distance, car c’était important à ce moment-là de montrer qu’on n’était pas assignées à être seulement mère. Mais il y a eu un gros silence sur le travail que cela représente d’être parent. La vie d’un parent qui travaille est vraiment très exigeante. Une profession indépendante offre ce leurre de croire qu’on va faire tout à la fois car on est flexible, au niveau des horaires notamment. Mais c’est un cadeau empoisonné, et je crois que maintenant que le télétravail s’est généralisé, les gens en sont davantage conscients.

  • Je veux tout… et un deuxième enfant, Lucile Gomez, éditions Exemplaire, 20€, disponible ici
  • Image à la une – crédit photo Marine Aznar
Par Anne-Florence Salvetti-Lionne