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Roxane Mesquida : « J’ai allaité pendant le tournage d’un film »
Lors du tournage du film Méduse, réalisé par Sophie Levy et diffusé au cinéma à partir du 26 octobre, l’actrice française Roxane Mesquida a jonglé entre répétitions, tournage des scènes et allaitement de son bébé. Une contrainte dont elle a fait sa force, devant et derrière la caméra.
Sur le tournage de Méduse, fin 2018, vous allaitiez votre fille de 10 mois. Comment l’avez-vous vécu ?
Le tournage était très cool, il y avait une ambiance familiale. C’est un film dont je suis très fière. J’avais vraiment envie de faire ce film avec Sophie Levy, avec qui j’ai beaucoup travaillé avant. Tout s’est très bien déroulé, j’étais contente. Ils me laissaient tirer mon lait et m’organiser comme je voulais. J’étais juste très fatiguée, car c’était mon troisième tournage dans la première année de ma fille. Et tous ne se sont pas forcément bien passés, car certaines productions sont bien moins compréhensives… Mais c’est important pour moi de pouvoir allaiter mes enfants. Je veux être une super maman et en même temps pouvoir continuer mon travail.
Comment vous organisiez-vous ?
J’utilisais un tire-lait, le même que Kim Kardashian ! C’est un appareil sans fil qui se met dans le soutien-gorge sur chaque sein. Il y a un sac à l’intérieur, qui est connecté avec le téléphone. Grâce à ça, on peut savoir exactement combien il y a de millilitres de lait dans chaque sac. Après, on a juste à les prendre et à les mettre dans le frigo. Il n’y a rien à nettoyer. C’est idéal. On peut tout faire ! Je faisais les répétitions avec, personne ne se rendait compte que j’étais en train de tirer mon lait.
Qu’est-ce que ça a changé dans vos performances d’actrice ?
J’ai beaucoup utilisé ça pour le rôle, en fait. Dans Méduse, je joue une fille qui a une sœur handicapée. Je dois m’occuper d’elle, la porter, lui donner à manger… Elle est un peu partagée entre l’amour pour sa sœur, l’envie de l’aider, et en même temps l’envie d’avoir sa propre vie. C’était un parallèle intéressant avec mon statut de jeune maman. C’est le même sentiment qu’on peut avoir quand on a son premier enfant, où, d’un coup, on passe après nos enfants, on est fatigués… Tout cet aspect psychologique, ce que j’ai ressenti quand j’ai eu mon premier enfant, je l’ai beaucoup utilisé pour ce personnage-là. J’aime bien voir les rôles comme des exutoires. J’aime bien utiliser mes personnages comme thérapie. Pour celui-là, c’était parfait. J’avais vraiment l’impression de pouvoir utiliser toutes ces émotions.
Qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?
Si c’était à faire, je le referais. C’est sûr et certain. Je trouve ça presque plus fatiguant de rester toute la journée à la maison avec son bébé plutôt que d’essayer de s’en occuper et faire le tournage en même temps. Parce que dans les tournages, c’est comme si on avait une énergie en plus, venue de je ne sais où. On est complètement dans le truc, on n’a pas le temps de penser à notre fatigue.
N’est-ce pas trop compliqué de s’engager dans un tournage lorsqu’on est enceinte ?
Honnêtement, j’ai toujours l’impression que c’est plus un problème pour les autres que pour moi. Les gens projettent que ça va être un problème. Pour mes deux grossesses, j’ai caché que j’étais enceinte pour pouvoir continuer à faire des tournages. Parce que dès qu’on est enceinte ou qu’on a des enfants, c’est comme si on ne pouvait plus travailler. Comme si c’était un handicap. Les assurances ne veulent pas assurer une actrice enceinte, ils ont trop peur qu’il se passe quelque chose. On doit même donner la date de nos dernières règles pendant la visite médicale avant le tournage ! Je ne trouve pas ça normal. Alors, j’ai décidé de ne le dire à personne jusqu’à ce que ça se voit beaucoup, même à mes agents, car je ne voulais pas qu’ils décident à ma place si je pouvais faire un film ou pas.
Le regard des gens n’a-t-il pas été trop dur à vivre ?
L’année dernière, quand j’étais enceinte de mon fils, on m’a proposé d’être jury dans un festival. J’ai dit oui. Et après, ils ont annulé en me disant “tu viens d’avoir un bébé, ça va être trop compliqué pour toi”. Ils ont pris la décision pour moi que je ne pouvais pas le faire. Et mon agent de l’époque ne m’a pas défendue. La seule personne qui sait si je peux faire quelque chose ou non, c’est moi ! J’ai l’impression qu’avoir des enfants aujourd’hui, c’est mal vu. J’ai eu des commentaires tellement bizarres quand j’étais enceinte de mon fils… On m’a dit : “Ah bon t’es encore enceinte ?”, “Rassure-moi, tu ne vas pas en avoir un autre après ça ?”. Je ne vais pas m’excuser, j’ai encore le droit d’avoir un enfant ! Je fais ce que je veux. De nos jours, ce n’est pas facile d’être une femme. On a beaucoup de pression. Il faut réussir sa carrière, il faut faire des enfants et être la meilleure mère, la meilleure femme, le meilleure maîtresse, la meilleure en tout. C’est une vraie lutte.
Découvrez la bande annonce de Méduse, au cinéma le 26 octobre :