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Comment élever un garçon dans notre société ?
Entre amour fou, craintes et enjeux sociétaux, pourquoi est-ce qu’on a autant peur d’élever des garçons ?
Avant même de tomber enceinte, j’avais très envie d’avoir un fils. Je le confesse, j’imaginais déjà un schéma familial où le fils serait l’aîné, protecteur d’une hypothétique petite sœur. On aurait un lien très fort, parce que c’est bien connu, les garçons sont des “fils à maman”. Rien n’était sain, mais surtout, rien n’était réfléchi. Tout était comme décorrélé d’une quelconque notion d’éducation. Quand je suis tombée enceinte et que j’ai appris qu’il s’agissait d’un garçon, je me suis sentie rassurée. J’avais comme l’impression que toutes les peurs liées au fait d’élever une fille puis une femme, aux inégalités sociétales, aux atrocités de ce monde allaient disparaître avec cette annonce. Quelle erreur et surtout, quelle naïveté.
Il n’y a pas que les hommes qui doivent se déconstruire. Les idées reçues aussi !
Élever un garçon dans notre société et prendre conscience de tous les enjeux que cela représente, a été (et est toujours) un véritable sujet me concernant. Comme d’habitude et cela sur un tas de sujets, j’ai l’impression que la pression est intégralement mise sur les parents, pire même, sur les épaules de la mère. Car c’est la mère qui doit trouver l’équilibre, le parfait. C’est elle qui doit élever son fils tel un garçon puis un homme féministe, respectueux, déconstruit. La société et les grandes instances, le système éducatif, politique quant à eux, n’ont a priori pas de rôle à jouer. Il me semble que cela commence à peser lourd sur les épaules déjà bien chargées des mères.
Faire genre ou ne pas faire ?
Je me suis renseignée, bien sûr, pour trouver ce parfait équilibre dont on parle si souvent. Je me suis demandée ce que moi-même je voulais pour mon enfant, ce qui était bon pour les autres et ce qu’on cherchait à m’imposer. Je n’ai pas lu de livres me dictant une quelconque conduite à adopter. C’était volontaire. Et puis j’ai écouté le podcast “Comment élever les garçons”, proposé par Arte Radio. J’ai retenu plusieurs choses et notamment plusieurs questionnements de mères (tiens, encore elles !) :
– Comment est-ce possible que la majorité des garçons aient des affinités envers certains jeux (voire des obsessions disons-le clairement) comme cela peut être le cas pour les camions, camionnettes, motos, voitures, super-héros, fausses armes et… La bagarre ?
– Comment faire en sorte de ne pas faire porter à son enfant ses propres combats ? Dans le sens où nos engagements, nos peurs, ne lui appartiennent pas.
– Comment faire en sorte qu’un petit garçon ne prenne pas “tout l’espace” et respecte le consentement ?
Personnellement, je pense que si l’éducation des parents compte énormément, elle ne fait pas tout. Nos enfants sont des individus à part entière et ils sont forcément confrontés au Monde, un monde dans lequel nous ne pouvons pas toujours être présents. Nous faisons, comme c’est le cas à chaque fois (et c’est important d’oser se le répéter) de notre mieux mais il va falloir un sacré coup de pouce politique pour améliorer une situation parfois désastreuse. Lorsque l’on considère qu’un garçon prend “trop de place” ou “s’accapare l’espace, c’est justement car en opposition on demande à la petite fille d’être douce, discrète, avenante. On ne s’en rend pas toujours compte mais les différenciations d’éducation entre les petites filles et les petits garçons existent encore. La sensibilité est souvent réservée aux filles lorsque les garçons sont moins entendus et écoutés lorsqu’ils tentent d’exprimer leurs émotions. Des pleurs souvent balayés d’un revers de manche par un “il ne faut pas pleurer pour ça”, “tu pleures comme un bébé” et pire encore. Et c’est là tout le problème.
De l’importance des émotions
Il me semble que l’expression et la gestion des émotions sont la clé de tout. Du moins de beaucoup de choses. Alors à la question “comment élever un garçon dans notre société” je répondrais : avec douceur, patience, sincérité et beaucoup de communication. Et bien sûr, en montrant l’exemple le plus possible. Les enfants comprennent et les enfants voient. Alors comment pourraient-ils reproduire des schémas doux, bienveillants et respectueux si c’est tout l’inverse qui se joue à la maison ? Parlons des émotions de nos fils pour qu’ils apprennent à les reconnaître puis à les gérer. Apprenons-leur à poser des limites et respectons-les pour qu’ils puissent également comprendre le consentement et ses enjeux. Communiquons avec nos fils, peu importe leur âge ou l’état de nos journées. Et surtout, lorsque cela est possible, incluons les pères dans toutes ces démarches. Pour le mimétisme et la compréhension bien sûr, et aussi car ça commence à peser lourd, vraiment très lourd, sur les épaules des mères.