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Rencontre avec Clem de Clem Around The Corner, maman française à Tallinn en Estonie
Clémence est une véritable passionnée de design & de décoration intérieure. Vous connaissez sans doute son blog déco – Clem around the corner dans lequel elle prodigue tous ses bons conseils. Aujourd’hui installée à Tallinn, en Estonie, on a voulu en savoir plus sur cette nouvelle vie, avec son mari et son fils Oscar. Rencontre d’une maman expat’ comme on dit.
Depuis quand vis-tu à Tallinn en Estonie ?
Nous avons emménagé en septembre 2020, avec l’idée de rester quelques mois, quelques années, quelques décennies, jusqu’à ce que l’aventure nous emporte autre part !
Pour quelles raisons t’es-tu installée là-bas ?
C’est un mélange de hasard mais surtout une envie d’ailleurs ! Mon mari travaille pour une société américaine et ils ont des bureaux ici, donc ses collègues lui avaient suggéré l’idée… De mon côté j’ai toujours été attirée par la façon de vivre des scandinaves. J’ai d’ailleurs étudié en Finlande dans le cadre d’un échange universitaire. La Finlande ne fait pas partie de la Scandinavie, ni l’Estonie bien sûr, mais la philosophie de vie s’en rapproche fortement. Alors que j’y étais pour étudier la finance internationale, j’ai plus de souvenirs de leur mode de vie, leur regard sur le monde, leur respect des autres et de la planète. Mon mari et moi-même adorons voyager, non pas seulement pour découvrir de nouveaux paysages mais surtout pour s’imprégner d’une nouvelle culture. Habiter à l’étranger a toujours été pour nous l’opportunité de partager une approche de la vie différente pour ensuite faire la part des choses et garder le meilleur des deux mondes ! Nous avons vécu à San Francisco il y a quelques années et en 2020 nous commencions à discuter de la prochaine destination. Le premier confinement nous a donné l’élan pour remplir chacun une valise de 23 kg et s’échapper ! Alors que nous étions tous un peu enfermés, nous découvrions un nouveau pays, en bousculant notre routine. C’était une chance
énorme.
Quelle est la chose que tu préfères dans ton pays d’adoption ?
C’est un pays très calme, très sûr, les enfants jouent ensemble dehors en étant surveillés seulement du coin de l’œil, j’abandonne la poussette d’Oscar à l’entrée du parc quand on part se balader, devant la piscine quand on va aux
bébés nageurs, sur la digue quand on va à la plage… C’est très reposant ! Et c’est d’ailleurs bien pratique, car ici comme dans la majeur partie de l’Europe du Nord, les nourrissons font la sieste à l’extérieur. Oscar est né en décembre et on a vite adopté cette coutume même sous des températures négatives. J’aime aussi qu’il y ait un parc à tous les coins de rue, un coin pour jouer dans tous les restaurants, une chaise haute toujours disponible… C’est très kids friendly.
Qu’aurais-tu aimé savoir avant de t’y installer ?
Nous ne sommes pas partis avec de grands rêves et d’énormes exigences. On s’est dit qu’il y aura une prochaine destination dès que nous le souhaiterions donc cela n’a été que des bonnes surprises. J’aurais donc surement aimé savoir qu’on s’y installera pour plus longtemps que prévu afin d’embarquer un peu plus que 23 kg d’affaires !
Qu’est ce qui te manques le plus de la France ?
De toute évidence : le bon fromage et le vin. Mais c’est inévitable quand on quitte la France !
Pourrais-tu nous raconter une anecdote où tu as dû faire face à la différence culturelle ?
Je crois que le vrai « choc » culturel, celui qui a signé le début d’une nouvelle approche pour moi a eu lieu au début de ma grossesse, au premier rendez-vous avec ma sage-femme. J’avais au préalable vu les taux de péridurale en Estonie : moins de 15% des accouchements (plus de 80% des accouchements se déroulent sous péridurale en France). Alors, une des premières questions que j’ai posé à la sage-femme était « mais heu les gars, vous êtes équipés pour faire des péridurales, parce que le concept de souffrir pour le défi, c’est pas mon truc ! ». La sage-femme a explosé de rire et s’est contentée de dire « nous avons là deux cultures qui se confrontent, la vision Europe du Sud et celle d’Europe du Nord. Nous on va pas te préparer à l’accouchement mais à l’allaitement – si tu le souhaites – et au post-partum car c’est vraiment ça qui compte ». Spoiler alert, j’ai accouché 7 mois plus tard, sans péridurale et aux côtés de cette sage-femme !
Quelles différences as-tu pu constater sur l’éducation et la place des enfants ?
L’Estonie semble de plus en plus s’inspirer du modèle finlandaise pour l’éducation ce qui est à mon sens une excellente idée. Les résultats académiques des finlandais sont impressionnants. Les heures de cours sont moindres et les enfants en difficultés semblent obtenir plus de soutien au sein même de leur école. Concernant la vie quotidienne, le fait que l’Estonie est un tout petit pays rend les choses plus simples : on s’inscrit aisément aux divers activités, il y a toujours une balançoire de disponible, et les restaurants ainsi que les hôtels ont presque toujours un espace qui est dédié aux enfants.
Quel regard portes-tu sur la famille en Estonie ?
Là encore, c’est une expérience de « jeune » maman ! Mais l’accompagnement offert lors premiers pas dans la parentalité est très inspirant. Tout commence à la maternité où il est possible de séjourner en chambre famille, c’est-à-dire équipée d’un lit double afin que les deux parents puissent s’investir et profiter pleinement des premiers instants de vie de leur enfant. Ce système de chambre famille était disponible dans l’hôpital public où j’ai accouché. Ensuite, l’Estonie offre un congés paternité d’un mois et un congés maternité de 4 mois. À cela s’ajoute un congés parental de 12 mois. Les enfants sont donc entourés pendant longtemps par leurs proches. Ce congés parental peut être pris équitablement ou non entre les deux parents. La réalité que j’observe est qu’aucun papa n’est derrière une poussette en semaine…Nous sommes donc encore un peu loin du modèle norvégien qui pour moi semble le meilleur.
Elevez-vous votre petit garçon Oscar dans cette double culture, franco-estonienne avec ton compagnon ?
Nous avons tous les deux grandi en France donc nous n’avons pas cette double culture de manière innée. Mais nous sommes fortement influencés par leur façon de voir les choses, et donc nous nous laissons aussi guider par leur recommandations. Aussi, nous sommes entourés d’expatriés du monde entier, et les témoignages et expériences de chacun nous offre l’opportunité de remettre en question notre propre modèle. C’est une grande chance.
Dans quelles langues parlez-vous à votre fils avec ton compagnon ? Pourquoi ?
Auparavant, on parlait principalement français quand nous étions entre nous, et anglais évidemment dès que des copains étaient là. Puis on lui lisait régulièrement des histoires en anglais car il a des livres en français et d’autres en anglais. Mais une amie, institutrice, nous a dit qu’il était plus simple pour un bébé d’avoir une personne une langue. Alors on a changé d’organisation. Je lui parle français, lit des histoires en français et JC lui parle anglais.Néanmoins, la nounou d’Oscar lui parle anglais donc quand elle est là forcément je parle anglais. Ce n’est pas très carré notre système !
Pour revenir à toi, pourrais-tu nous parler davantage de ton blog déco Clem Around The Corner.
J’ai créé Clem Around The Corner en 2014 pour parler déco évidemment mais aussi pour raconter l’histoire des pièces emblématiques du design, partager mes astuces, évoquer les dernières tendances, proposer des DIY. L’essence même de ce blog est d’accompagner les gens dans la création d’un intérieur dans lequel ils se sentent bien c’est-à-dire à leur image et fait pour eux. Ce magazine en ligne n’est donc pas un assemblage de bons plans ou un condensé de choses élitistes, c’est je l’espère, l’endroit pour prendre le temps, découvrir, comprendre et faire le bon choix pour soi et son intérieur.
Quel est ton style de prédilection ?
J’apprécie le mélange des genres, les intérieurs uniques et personnalisés. Mais je suis évidemment très sensible à la simplicité et la praticité du design scandinave. J’aime beaucoup les lignes simples, le design épuré et efficace. Cependant, ce qui me touche le plus ce sont les objets et meubles qui racontent une histoire : comment la collaboration entre Hans J. Wegner et Carl Hansen & Søn a boulversé cette ébénisterie familiale, comment la chaise Tripp Trapp, incontournable aujourd’hui, fut au départ incomprise, etc… En fait je crois que je suis bavarde… Et touché par les aventures entrepreneuriales !
Les tendances déco dans ton pays d’adoption sont-elles très différentes de la France ?
Avec internet, Pinterest et les marques internationales, les grandes tendances déco s’uniformisent. Néanmoins, l’Histoire du pays et sa récente indépendance joue sur les envies de chacun. Je dirais alors que la décoration est ici un peu plus ostentatoire qu’en France.
Quels produits pour ton fils sont indispensables à ton quotidien ?
On a tous besoin de couches, de langes, de sérum phy et de jeux d’éveil. Certains produits se valent, d’autres sont un peu mieux… Mais avec le recul j’ai deux essentiels, deux produits que je recommande tout le temps. Il ne faut pas passer à côté tant ils sont bien pensés pour l’enfant avant tout. La chaise Tripp Trapp de Stokke. Elle est incontournable, belle et fonctionnelle. Elle nous accompagne depuis le premier jour. Oscar sur son transat physio était près de nous, à notre hauteur. Si le bébé apprend en observant, il est mieux sur un transat en hauteur que sur un modèle au ras du sol. Puis, quand il a été capable de s’asseoir, la Tripp Trapp est devenue chaise haute. Oscar mange alors sur la table familiale, et on trouve tous que c’est génial ! L’étape suivante sera d’enlever le baby set, pour une chaise toujours a bonne hauteur, les pieds ancrés pour plus de confort, de mobilité et donc d’indépendance. Cette chaise est bien plus qu’une chaise, c’est un outil d’éveil qui rassemble la famille et offre de beaux moments de partage. Mon second essentiel est tout aussi évolutif et magique. Par contre j’ai raté l’info quand j’étais enceinte alors nous l’avons que depuis quelques mois. Il s’agit du tapis de vie Mèzamé. Bien plus qu’un tapis d’éveil, il joue là encore son rôle à la perfection à chaque étape du développement de l’enfant. Alors que les tapis d’éveil « classiques » ne sont pas assez moelleux (je me rappelle qu’Oscar se cognait la tête contre le sol lors des premiers retournement ventre-dos). Mèzamé c’est un petit nuage, mais suffisamment ferme pour ne pas empêcher l’enfant dans sa volonté de mouvement. Il est donc parfait en tapis d’éveil. Mais après ? C’est un tapis de vie, on y bouquine, on y joue et encore mieux, depuis quelques mois, on le colorie à l’envie et à l’infini grâce à la collab Omy x Mèzamé.
Comment arrives-tu à allier déco et praticité pour lui ?
L’offre est désormais riche pour permettre à chacun d’avoir le produit qui lui faut en terme de fonctionnalité et d’esthétisme. Mais si on souhaite en plus un meuble fait pour l’enfant qui l’accompagne dans son apprentissage, favorise son éveil et sa confiance en lui, les options se réduisent. Côté cuisine, c’est facile, la Tripp Trapp se décline dans une multitude de coloris. Côté chambre, j’ai choisi le lit bébé Sleepi couleur bois ainsi que le papier peint Cloudy pour un cadre neutre. Comme cela nous pouvons nous amuser avec les accessoires et éventuellement changer facilement la décoration. Notre tapis Mézamè est donc à motif floral jusqu’à notre prochaine envie. Il y a un meuble qu’il n’est pas des plus optimal dans la chambre d’Oscar : le fauteuil crapaud en velours. Mais c’est un meuble de famille alors cela n’a pas de prix de se sentir à leurs côtés quand on bouquine même si 3000 km nous séparent.
Comment as-tu découvert la marque Stokke ?
Je connaissais la Tripp Trapp depuis longtemps mais je n’avais pas encore l’excuse parfaite pour la glisser dans la salle à manger ! Je suis une grande admiratrice du travail de Peter Opsvik, son créateur. Comme je dis « Je la connaissais haute en couleur, durable et aux lignes sobres. Mais c’est au fil du temps, de l’évolution d’Oscar et de notre usage de cette chaise incroyable que j’ai vraiment compris pourquoi vous ne devez pas passer à côté. Concernant la chaise haute j’ai du mal à vous recommander des alternatives tant ce produit est, à mes yeux, exceptionnel. » D’ailleurs ma chaise de bureau a elle aussi été dessinée par Peter Opsvik. Donc je connaissais un peu Stokke mais je n’étais pas pleinement consciente l’importance et l’engagement de la marque pour le développement et le bien-être de l’enfant.
Quels sont tes indispensables Stokke dans la vie quotidienne ?
La Tripp Trapp avant tout ! Mais aussi l’astucieuse baignoire Flexi Bath a été génial pour les premiers mois d’Oscar dans notre ancien appartement qui n’avait pas de baignoire. Maintenant que nous en avons une, elle sert de petite piscine sur le balcon en été. Le lit Sleepi est aussi un excellent allié. Ses roulettes permettent de bercer Oscar sans avoir à le prendre dans les bras et donc le rendormir plus facilement pendant les réveils nocturnes. Nous avons aussi adoré le fait de toujours garder le même lit, la transition entre la chambre parentale et sa chambre fut du coup très facile pour lui.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes mamans expats comme toi qui vont avoir leur premier enfant ?
C’est une change énorme d’être loin de chez soi pour donner naissance, même si à première vue cela semble plus difficile. Entourés d’autres choses, imprégnés par une autre culture, nous avons l’opportunité de découvrir une nouvelle façon d’aborder ce projet afin de faire un choix en plein conscience pour une maternité que l’on construit et que l’on choisi. Pour toutes les jeunes mamans expats ou non, je vous recommande de suivre les doux et pertinents avis d’Éveil & Conseil. Et pour toutes les futures mamans, je recommande un livre : Le mois d’Or ainsi que les deux excellents podcasts Bliss et La Matrescence.